Thierry II de Lorraine

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Thierry II de Lorraine
Titre de noblesse
Duc de Lorraine
-
Prédécesseur
Successeur
Biographie
Naissance
Années 1040Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Famille
Père
Mère
Hadwide de Namur (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Gérard Ier de Vaudémont
Béatrice de Lorraine (en)
Gisèle de Lorraine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Hedwige de Formbach (à partir de )
Gertrude de Flandre (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Simon Ier
Gertrude de Lorraine
Thierry de Lorraine
Henri de Lorraine
Gisela de Lorraine (d)
Ermengarde de Lorraine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Thierry II d'Alsace, dit le Vaillant, né entre 1040 et 1050, mort le , fut duc de Lorraine de 1070 à 1115. Il était fils de Gérard d'Alsace, duc de Lorraine, et d'Hedwige de Namur (voir son ascendance). Il est parfois numéroté Thierry Ier par des historiens du XVIe siècle qui rattachaient les ducs de Lorraine à Charles de Lorraine et ne tenaient pas compte des ducs de la maison d'Ardennes.

Biographie[modifier | modifier le code]

À la mort de son père, en 1070, une querelle de succession éclata entre Thierry et Louis, comte de Montbéliard et de Bar, dont les prétentions s'appuyait sur son épouse Sophie, fille et héritière de l'ancien duc Frédéric II. Pour confirmer ses droits, Thierry convoqua une assemblée de la noblesse lorraine et il s'assura du soutien de son frère Gérard en lui donnant en apanage le comté de Vaudémont. L'assemblée choisit comme duc Thierry et Louis mourut peu après, transmettant ses prétentions à son fils Thierry qui réclama à son tour le duché. L'arbitrage de l'empereur Henri IV confirma finalement à Thierry d'Alsace la possession du duché.

Le duc de Lorraine fut un fidèle vassal du Saint-Empire. À ce titre, il participa à plusieurs campagnes contre les Saxons et prit le parti des empereurs dans le conflit qui les opposa aux papes Grégoire VII et Urbain II. En retour, Thierry se vit attribuer par Henri V le titre de marquis que ses successeurs utiliseront par la formule "duc de Lorraine et Marchis". Il refusa en revanche de prendre parti dans les conflits internes à la dynastie salienne, que ce soit dans celui opposant Henri IV et son fils le futur Henri V ou celui, une décennie plus tard, entre ce même Henri V et Lothaire de Supplinbourg.

Thierry II fut également le contemporain de l'Appel de Clermont prononcé par le pape Urbain II en 1095,pour appeler les Chrétiens d'Occident à partir libérer Jérusalem. Le duc envisagea de se croiser, mais se fit relever de son vœu par le légat pontifical à cause de son état de santé[1]. Il engagea les chevaliers lorrains à participer à l'expédition.

Le duc s'employa également à développer ses Etats en poursuivant la politique de son père. Désireux d'étendre et d'enrichir sa résidence de Nancy, il y fonda en 1080 le prieuré Notre-Dame. Situé près de l'actuelle place de l'Arsenal, cet établissement bénédictin dépendant de Molesme, fut le premier de la ville. Bien que le complexe monastique ait été détruit à la Révolution, le portail de l'église a été conservé et se trouve aujourd'hui au Musée lorrain où il constitue un des rares vestiges romans de la capitale ducale[2]. Thierry II fonda également le castrum de Neufchâteau vers 1080/1090. Ce château protégeait une ville neuve construite autour de l'église Saint-Nicolas. Plus tard furent construits un marché et un atelier monétaire qui contribuèrent à la prospérité économique de la ville[3].

Le duc mourut le . Son lieu de sépulture n'est pas connu avec certitude[4]. Les historiens lorrains mentionnent à la fois le prieuré Notre-Dame de Nancy, dont il était le fondateur, et le prieuré Saint-Pierre de Châtenois, que sa mère Hadwide de Namur avait fondé et où elle avait été inhumée. La seconde hypothèse a été privilégiée à partir du XVIIe siècle. On montrait ainsi dans le cloître du prieuré une sépulture anépigraphe portant une effigie que l'on disait être celle de Thierry II. Le gisant, que d'autres ont interprété comme celui d'une princesse, portait un bonnet et une couronne dentelée. Il a été détruit à la Révolution et, pour cette raison, il n'en reste plus qu'une gravure du XVIIIe siècle.

Gisant supposé de Thierry II à Châtenois.

En 1812 puis en 1818, l'empereur François Ier d'Autriche (descendant des ducs de Lorraine) fit procéder à des fouilles dans les ruines du prieuré pour retrouver les restes princiers et les ré-inhumer dans le caveau ducal de Nancy. Des ossements furent retrouvés et attribués, sans doute de manière trop hâtive, à Thierry II et à son épouse. Cependant, le dépôt funéraire ne parvint jamais à la Chapelle ducale. La rumeur locale prétendait que les habitants de Châtenois, qui ne voulait pas être spoliés des reliques de leurs lointains bienfaiteurs, les avait enterrées à nouveau dans le cimetière ou l'église du village. Aujourd'hui, avec la disparition du monument et des ossements supposés être les siens, il ne reste guère d'éléments pour trancher la question.

Gravure représentant la médaille de Ferdinand de Saint-Urbain à l'effigie de Thierry II.

Quels que soient les doutes concernant l'authenticité du tombeau, le gisant a une importance certaine dans l'iconographie du duc qu'il était censé représenter. Il a en effet servi de modèle à Ferdinand de Saint-Urbain pour le portrait de Thierry II figurant dans le Médaillier de Lorraine[5].

Mariages et enfants[modifier | modifier le code]

Il épousa en premières noces vers 1075 Edwige de Formbach († 1085/90), fille de Frédéric, comte de Formbach, et eut[6] :

  • Simon Ier (vers 1096-1139), duc de Lorraine ;
  • Gertrude († 1144), qui changea son nom en Pétronille, dérivée de Pierre, pour montrer sa fidélité envers le Saint-Siège, et épousa Florent II († 1122), comte de Hollande.

À la mort de son épouse, il épousa en secondes noces vers 1095 Gertrude de Flandre (1080-1117), fille de Robert Ier le Frison, comte de Flandre, et de Gertrude de Saxe. Celle-ci était alors veuve de Henri III de Louvain avec qui elle avait eu 4 filles dont Adélaïde de Louvain future épouse de Simon Ier. De cette seconde union naquirent[6] :

Les époux sont représentés côte à côte. Le duc, tourné vers la gauche, est en armure tandis que la duchesse porte un riche vêtement brodé d'hermine et est coiffée d'un hennin conique.
Thierry II et son épouse Gertrude de Flandre (XVIIe siècle).

Ascendance[modifier | modifier le code]

Cette ascendance est aussi celle des frères et sœurs de Thierry II, soit :

          ┌──> Adalbert d'Alsace (v. 9601063)
          │    comte de Metz
          │
     ┌──> Gérard de Bouzonville 
     │    comte de Metz
     │    │
     │    └──> Judith
     │         
     │
┌──> Gérard d'Alsace (v. 10301070) 
│    duc de Lorraine
│    │
│    │    ┌──> 
│    │    │    
│    │    │
│    └──> Gisèle
│         
│         │
│         └──> Gerberge
│              
│
Thierry II de Lorraine (v. 10551115)
duc de Lorraine 
│
│         ┌──> Albert Ier (9591012)
│         │    comte de Namur
│         │
│    ┌──> Albert II (9971063) 
│    │    comte de Namur
│    │    │
│    │    └──> Ermengearde
│    │         fille de Charles de Basse-Lotharingie († 991), duc de Basse-Lotharingie
│    │
└──> Hedwige de Namur
     
     │
     │    ┌──> Gothelon Ier (v. 967-1044)
     │    │    duc de Basse-Lotharingie et de Haute-Lotharingie 
     │    │
     └──> Régelinde de Verdun
          
          │
          └──> Ne
               

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Henry, Les Ordres militaires en Lorraine. Éditions Serpenoise, 2006. Page 22 (ISBN 2-87692-706-3).
  2. Historique de la place de l'Arsenal à Nancy.
  3. Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine, Nancy, Presses universitaires de Nancy, , 575 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-86480-517-0), p. 24.
  4. Francis de Chanteau, « Anciennes sépultures de l'église du prieuré Saint-Pierre de Chatenois », Mémoires de la Société d'Archéologie lorraine,‎ , p. 283-318.
  5. Dom Calmet, Dissertation historique et chronologique sur la suite des médailles des ducs et duchesses de la maison royale de Lorraine, Nancy, , p. 26.
  6. a et b Foundation for Medieval Genealogy et Genealogy.eu.
  7. Nobiliaire universel de France ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Nicolas Viton de Saint-Allais, Ange Jacques Marie Poisson de La Chabeaussière, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Lespines, de Saint-Pons, Ducas, Johann Lanz, ed. bureau du Nobiliaire universel de France, 1843.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]