Rosemonde Gérard

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Rosemonde Gérard
Portrait par Ernest Hébert en 1901.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Louise Rose ÉtiennetteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Maurice Gérard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Enfants
Autres informations
Distinctions
signature de Rosemonde Gérard
Signature

Rosemonde Gérard, née Louise Rose Étiennette le à Paris et morte le dans la même ville, est une poétesse et comédienne française[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Née de mère et père inconnus, elle est reconnue deux ans plus tard par Louis Maurice Fortuné Gérard, fils du comte maréchal Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram, et de Louise-Rose-Aimée de Timbrune-Thiembronne de Valence, dite Rosemonde, dont elle adopte le surnom pour jouer et écrire. Elle a pour parrain le poète Leconte de Lisle. Son père meurt en 1880, alors qu'elle n'a que 14 ans, et lui laisse les 3/4 de sa fortune[2]. Alexandre Dumas fils devient alors son tuteur.

Dodette, de son surnom familier, s'installe avec sa mère au 107 boulevard Malesherbes à Paris.

Rosemonde Gérard signe de son vrai nom Les Pipeaux, parus en 1889.

Le , elle épouse Edmond Rostand à Paris à l'église Saint-Augustin, avec le compositeur Jules Massenet comme témoin. La même année, elle reçoit le prix Archon-Despérouses (qu'elle recevra à nouveau en 1926)[3].

Le jeune ménage vient tout d'abord habiter au 107, boulevard Malesherbes[4] et s'installe, peu après, au 2, rue Fortuny où naissent leurs fils Maurice Rostand en 1891, puis Jean Rostand en 1894. En 1897, les Rostand achètent un petit hôtel particulier au 29 rue Alphonse-de-Neuville (aujourd'hui 1, rue Alfred Roll mais démoli depuis) qu'ils abandonnent en 1900 et vendent ensuite pour s'établir dans le sud-ouest de la France à Cambo-les-Bains, dans la luxueuse Villa Arnaga.

Le , soir de la répétition générale de Cyrano de Bergerac, la créatrice du rôle de Roxane, Maria Legault, étant absente[5], Rosemonde est alors sollicitée par Coquelin pour tenir le rôle durant toute la répétition[6]. Plus poète que comédienne, ces incursions dans ce domaine sont cependant restées rares. Ainsi, elle ne joue qu'une fois la comédie, lorsqu'elle interprète le rôle de Roxane dans Cyrano de Bergerac, avec Sarah Bernhardt en Cyrano comme partenaire.

Tombe de Rosemonde Gérard et Maurice Rostand au cimetière de Passy (division 10).

Lorsque Rostand la quitte en 1915 pour l'actrice Mary Marquet, de 27 ans sa cadette, elle entame une liaison avec « son Beethoven », le compositeur Tiarko Richepin, de 18 ans son cadet[7].

En , elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur[8]. Elle a été membre du jury du Prix Fémina.

Rosemonde Gérard meurt le à son domicile, 17 chaussée de la Muette, dans le 16e arrondissement de Paris[9]. Elle est inhumée au cimetière de Passy à Paris[10] (10e division), en compagnie de son fils Maurice Rostand.

Œuvre[modifier | modifier le code]

La Robe à ramage, portrait de Rosemonde Gérard par Eugène Pascau (musée d'Orsay).
Chacune des pensées d'Edmond Rostand avait une rime, chacun de ses regards un reflet,
chacune de ses actions un symbole. (Rosemonde)
C'est Elle, mot pour moi toujours en italique,
Elle, avec sa dolente inflexion de cou,
Ses longs cils relevés et ses cheveux d'or flou
Et ses yeux étonnés de poupée angélique. (Edmond Rostand, son époux)

Pour comprendre ces vers, il faut placer côte à côte Les Musardises et Les Pipeaux, publiés un an plus tôt (1889). En effet, Rosemonde Gérard écrit, avec autant de virtuosité que son mari, des poèmes à forme fixe, sonnets, triolets et rondeaux. Elle incarne, dans son oeuvre, une jeunesse chantante, donnant confiance à Edmond Rostand et rivalisant avec lui dans le dessein de l'encourager, c'est pourquoi leurs œuvres offrent de nombreuses similitudes.

Elle écrit des "ritournelles", c'est-à-dire de petits poèmes souples et subtils qui peuvent être chantés, ainsi que des sonnets, des rondes, des poèmes d'enfance. Sa poésie enfin, est celle de L'Éternelle chanson, celle de l'amour, naturellement:

Car vois-tu, chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Qui fait écho au poème Les vieux, en 1903 dans l'interprétation de Sarah Bernhardt :

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage?
Mon amour se fera plus grave - plus serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.

Tous ces vers connurent un succès populaire auprès des gens de 1900, car beaucoup ont été mis en musique, par Emmanuel Chabrier notamment, et tout de suite ils ont acquis une popularité importante.

Rosemonde Gérard, si elle n'avait pas épousé Edmond Rostand, eût été connue et célèbre pour sa valeur personnelle ; la gloire de son mari a éclipsé sa propre réputation[11].

Publications[modifier | modifier le code]

Rosemonde Gérard vers 1900
Rosemonde Gérard vers 1900.
  • Les Pipeaux, poèmes, 1889
  • Les Vieux, interprété par Sarah Bernhard en 1903
  • « A mon fils », L'Illustration,‎ , p. 5-9 (lire en ligne).
  • « Les jardins », L'Illustration,‎ , p. 7-10 (lire en ligne).
  • Un bon petit diable avec Maurice Rostand, féerie en 3 actes en vers, d'après la comtesse de Ségur, Gymnase,
  • « Le voyage d'une coccinelle », L'Illustration, no 3669,‎ (lire en ligne).
  • « L'impossible amitié », L'Illustration, no 3672,‎ (lire en ligne).
  • « Les voyages », L'Illustration, no 3694,‎ (lire en ligne).
  • La Marchande d'allumettes, co-auteur Maurice Rostand, livret d'opéra-comique, 1914, musique Tiarko Richepin, Paris. Opéra-Comique, lire en ligne sur Gallica. Un film du même nom, réalisé par Jean Renoir fut saisi après quelques jours d'exploitation en , à la requête de Rosemonde Gérard, auteur d'un opéra-comique adapté du conte d'Andersen et qu'elle estimait plagié.
  • La Robe d'un soir, pièce en 4 actes, en vers, 1925, musique de scène de Claude Corbreuse, joué au Théâtre de l'Odéon, 1924-1925[12]
  • La Vie amoureuse de Madame de Genlis, 1926
  • L'Arc-en-ciel, poèmes, 1926
  • Mes souvenirs : Cyrano de Bergerac, avec un dessin d'Edmond Rostand, 1927
  • Le Féminisme, avec son fils Maurice Rostand, conférence, 1930
  • La Forêt enchantée, pièce de théâtre par Rosemonde Gérard et Maurice Rostand, 1931
  • Les Papillotes, pièce en un acte en vers, 1931, jouée au Théâtre de l'Odéon en 1931[13]
  • Féeries, 1933
  • Les Masques de l'amour, théâtre en vers, 1928
  • Les Papillotes, théâtre en vers, 1928
  • À quoi rêvent les vieilles filles, théâtre en vers, 1928
  • La Tour Saint-Jacques, pièce en un acte, en vers, représentée pour la première fois sur la scène de la Comédie-Française le
  • Edmond Rostand, 1935
  • Rien que des chansons, 1939
  • Les Muses françaises, poèmes, 1943. De Marie de France à Rosemonde Gérard, qui fait précéder les poèmes de ses consœurs par leur portrait en vers
  • Méditations poétiques et harmonies poétiques de Victor Hugo, sonnet, préface de Rosemonde Gérard, 1930
  • Histoire d'amour et Lettre de rupture, deux chansons de Rosemonde Gérard et Tiarko Richepin enregistrée par Jeanne Aubert en 1942
  • Lettres à sa fiancée, Edmond Rostand, Editions Nicolas Malais, 2009, lettres d'amour de Rostand à sa future femme
  • Vous êtes mon espoir et ma désespérance Poème pour Mélodies d'Ivan Devriès (paroles de Gérald Devriès, Rosemonde Gérard, Paul Éluard, Guillaume Apollinaire) Lire en ligne

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Correspondance adressée par Edmond Rostand à Rosemonde Gérard lire en ligne sur Gallica

En 2006, Laurence Catinot-Crost publie chez Empreinte-Séguier une biographie "Rosemonde Gérard, la fée d'Edmond Rostand".

En 2020, Thomas Sertillanges publie "Edmond Rostand, les couleurs du panache" (Atlantica), la première biographie illustrée du poète, 580 pages et 500 illustrations dans lequel plusieurs chapitres sont consacrés à l'épouse du poète.

Hommage[modifier | modifier le code]

La rose « Madame Edmond Rostand[14] » a été créée en 1912 par Joseph Pernet-Ducher.

Une rue porte son nom au Haillan.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Lorsque tu seras vieux... Gérard, Rosemonde », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  2. « Biographie de Rosemonde GÉRARD », sur Site officiel de la Villa Arnaga (consulté le )
  3. « Prix Archon-Despérouses », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  4. Poètes et écrivains du XVIIe arrondissement de Paris, Jean Rimeize, Presses de Valmy, 2002, (ISBN 9782910733919)
  5. Pierre Espil, Edmond Rostand, une vie : Une famille extraordinaire, Les éditions du Mondarrain, , 320 p. (ISBN 978-2-402-14213-7, lire en ligne), chap. VII (« Le Miracle »)
  6. Jean Lorrain, Mes expositions universelles : 1889-1900, H. Champion, coll. « Textes de littérature moderne et contemporaine » (no 57), , 435 p. (ISBN 978-2-7453-0654-8, lire en ligne).
  7. Philippe Séguy, Les Rostand, Paris, Pygmalion, , 312 p., 24 cm (ISBN 978-2-75641-786-8, OCLC 932110207, lire en ligne).
  8. Dossier sur la base Léonore
  9. Archives de Paris 16e, acte de décès no 1332, année 1953 (vue 14/20).
  10. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », p. 336-337.
  11. Edmond Rostand Par Jacques Lorcey Publié par Séguier, 2004 (ISBN 2-84049-385-3), 9782840493853
  12. La Petite Illustration - théâtre - n°148 du 26 septembre 1925
  13. Le texte de la pièce et un commentaire sont publiés dans La Petite Illustration - théâtre- du 26 décembre 1931
  14. La rose Madame Edmond Rostand

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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