Philippe Ier de Savoie-Achaïe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Philippe Ier de Savoie-Achaïe
Fonctions
Comte
Alba
à partir de
Prince d'Achaïe
-
Seigneur de Piémont
-
Seigneur
Marche d'Ivrée
Titre de noblesse
Prince d'Achaïe (d)
Biographie
Naissance
Décès
Famille
Père
Mère
Guyonne de Bourgogne-Comté (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Pierre de Savoie
Guillaume de Savoie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Isabelle de Villehardouin (de à )
Catherine de la Tour du Pin (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Jacques de Savoie-Achaïe
Édouard de Savoie
Jeanne de Savoie (d)
Eleonore de Savoie (d)
Amédée de Savoie-Achaïe
Thomas de Savoie-Achaïe
Agnes de Savoie (Achaia) (d)
Beatrix de Savoie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Philippe Ier de Savoie, pour lequel on trouve également les formes de Savoie-Achaïe, d'Achaie ou encore de Piémont, né à Suse en 1278, mort à Pignerol entre le et le , est un seigneur de Piémont (1282 à 1334), d'Ivrée et prince d'Achaïe (1301 à 1307), comte d'Alba et de Telese (1307). Il est à l'origine des Savoie-Achaïe, branche collatérale de la maison de Savoie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Philippe de Savoie serait né en 1278, selon l'historiographe Pingon[1],[Note 1] souvent repris par ses successeurs, à Suse[2],[3],[4]. Il est le fils de Thomas III, seigneur de Piémont, et de Guyonne de Bourgogne-Comté[1],[5]. Il a quatre frères, Pierre († 1332), archevêque de Lyon , Thomas († après 1340), chanoine, Amé († après 1340), archidiacre, et Guillaume († 1326), abbé de Saint-Michel-de-la-Cluse[5].

Il est mentionné (Philippum de Sabaudia) dans le testament de son père, daté du [6],[4]. Il est fait héritier universel, en tant que fils aîné, et il est chargé de pourvoir en apanages ses frères cadets[6],[4].

En 1286, sa mère remet le Piémont au comte de Savoie, Amédée V, qui a été fait tuteur de l'enfant[7]. Toutefois, le comte Amédée V considère désormais la région italienne comme sa possession[8]. Devenu majeur en 1294, Philippe cherche à s'affranchir de la tutelle de son oncle[9], il engage un procès pour récupérer les biens hérités de son père[8]. Il obtient gain de cause de l'arbitrage, devenant seigneur de Piémont, mais en acceptant que ce dernier soit détenu « en fief de son oncle et à la condition de renoncer définitivement pour lui et ses héritiers à toute prétention au comté de Savoie », selon l'historien Bruno Galland[8].

Le mariage avec la princesse d'Achaïe[modifier | modifier le code]

Philippe de Savoie est pressenti comme une « candidat […] sérieux » pour épouser Isabelle de Villehardouin, héritière de la principauté d'Achaïe[1],[4],[10],[11]. Celle-ci a vingt ans de plus que lui[10]. Il est décrit par l'helléniste Antoine Bon (1901-1972) comme « ne [possédant] que le comté de Piémont, et, ambitieux, [pouvant] être tenté par le titre de prince d'Achaïe qui gardait, malgré tout, un grand éclat »[12]. Ce projet de mariage semble aussi pour lui un moyen d'obtenir une certaine indépendance vis-à-vis de son oncle, le comte de Savoie[8].

Philippe rencontre la princesse à Rome, lors du jubilé de l'année 1300[12]. Le mariage est négocié au début de 1301 et reçoit le soutien de Rome[12]. Charles II d'Anjou, suzerain de la Morée, ne semble pas avoir été averti de cette union et il s'y oppose[12] ; le , Philippe reçoit cependant de sa future épouse la châtellenie de Corinthe[12]. Le pape Boniface VIII intervient afin que l'union puisse avoir lieu, et Charles II ne va pas au bout de la démarche de destituer complètement la princesse d'Achaïe de ses droits[12].

Le mariage se déroule à Rome, le [1],[12],[4],[11].

Le couple a une fille, Marguerite[13],[4].

Une gouvernance en Achaïe difficile[modifier | modifier le code]

Le roi Charles II de Naples investit Philippe de la principauté, au nom de son fils Philippe Ier de Tarente (alors en captivité), suzerain de la principauté[7],[12]. Il prend possession du titre le [4].

Le couple passe en Piémont, afin d'instituer un conseil de régence, avant de se rendre en Achaïe, très probablement vers la fin de l'année 1301, peut être l'année suivante pour d'autres auteurs[14]. Les dates de son séjour — entre le mois d'octobre 1302 et le mois de novembre 1305, selon la chronique française — font débat, toutefois Antoine Bon retient pour sa part la fin de l'année 1301 jusqu'à la fin de l'année 1304[14]. Le seigneur de Piémont débarque à Clarence, au mois de , accompagnés de 70 hommes à cheval et d'une armée de 300 piétons[14]. Si son arrivée est plutôt bien accueillie, son attitude est jugée rapidement antipathique par les barons du pays, surtout après avoir donné des charges à des proches venus avec lui de Savoie et de Piémont[14]. Par ailleurs, il souhaite se rembourser des frais avancés pour sa venue jusqu'en Morée[14]. Ses agissement amènent la chronique à le comparer aux « tyrans de Lombardie », selon l'expression consacrée[15]. Philippe se trouve également dans le jeu de pouvoir des barons locaux[16].

En 1304, il participe avec ses vassaux, dont le maréchal de Saint-Omer, à une expédition en Épire, à l'instigation de Charles II[17]. L'expédition se solde par un statu quo[17]. Philippe accepte, peu après, une forte somme d'argent de la part du despote d'Épire afin de ne plus intervenir contre lui[17]. Afin de ne pas être pris en défaut par son suzerain, Philippe Ier de Tarente, Philippe cherche à régulariser la situation en envoyant, à Naples, un représentant le [17].

En 1304, les seigneurs grecs de la Skorta se soulèvent lorsqu'il met en place, sous les conseils du chevalier Vincent de Marais, un impôt extraordinaire[18].

Philippe de Savoie convoque un parlement placé au mois de , selon Bon, à Corinthe, et à l'occasion duquel se tient un grand tournoi[13].

Cependant les relations se tendent avec Charles II de Naples. En 1304, les droits de Philippe et de son épouse sont révoqués[7]. Face aux difficultés, le couple est obligé de retourner en Piémont[7]. Charles confie la principauté à son fils Philippe Ier de Tarente.

Le couple se sépare[4] et Philippe abandonne toutes ses prétentions sur l'Achaïe en 1307, il reçoit cependant en « compensation le comté d'Alba »[7],[9]. Philippe de Savoie continue cependant de porter le titre de prince d'Achaïe, tout comme ses successeurs[7],[9].

Selon le site de généalogie Foundation for Medieval Genealogy (FMG), il est fiancé, entre cette séparation et son second mariage en 1312, à Catherine de Habsbourg, fille du roi de Germanie Albert Ier[4].

Alliance avec les Dauphins[modifier | modifier le code]

En 1311, toujours avec la volonté d'échapper à l'influence de la branche aînée des comtes de Savoie, il s'allie avec le dauphin de Viennois, Jean II[9]. L'année suivante, le , il épouse la sœur de ce dernier, Catherine de la Tour du Pin[4],[9]. Le prince Philippe reçoit en dot du Dauphin « 20 0000 livres de bons Viennois anciens, dont un gros Tournois d'argent du roi de France »[19].

Dans le conflit opposant le comte de Savoie au Dauphin, Philippe participe comme témoin aux transactions, aux côtés de l'archevêque de Tarentaise, de l'évêque de Grenoble et d'autres seigneurs[20].

Philippe est l'un des exécuteurs testamentaires du Dauphin Jean II, d'après le testament de ce dernier ()[21].

Mort et sépulture[modifier | modifier le code]

Philippe de Savoie meurt en . Samuel Guichenon donnait le 25 ou [Note 2] à Pignerol[22]. Les auteurs donnent ainsi soit le , à Pignerol[11],[3],[23],[2], soit le 27.

Son corps est inhumé dans l'ancienne église des Franciscains de la ville de Pignerol[24].

Famille[modifier | modifier le code]

Philippe de Savoie épouse en premières noces à Rome le Isabelle de Villehardouin (1263 † 1312), princesse d'Achaïe, fille de Guillaume II de Villehardouin, prince d'Achaïe, et d'Anne Ange[1],[4],[11]. Il s'agit du troisième mariage pour cette princesse[11]. Par ce mariage, il devient prince de Morée ou d'Achaïe[Note 3].

Ils ont[Note 4],[27] :

Le site de généalogie de la Foundation for Medieval Genealogy (FMG) ajoute, citant Europäische Stammtafeln et exprimant un doute sur son existence[4] :

  • Marie (1301 - † ap. 1308) ;

Séparé de sa première épouse en 1307[4], il se remarie en 1312 avec Catherine de la Tour du Pin, dite aussi de Viennois († 1337), fille d'Humbert Ier, dauphin de Viennois et d'Anne de Bourgogne[1],[4],[11]. Ils ont onze enfants[4] :

Philippe aurait eu quatre enfants illégitimes[4] :

  • Béatrice, bâtarde de Savoie ;
  • Francesca, bâtarde de Savoie ;
  • Antoine/Antonio, bâtard de Savoie ;
  • Anselme/Antelmo, bâtard de Savoie, surnommé le bâtard d'Achaïe.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. s'il est effectivement né en 1278, ses parents auraient eu cinq enfants entre 1278 et la mort de Thomas en mai 1282
  2. l'ouvrage de Guichenon comporte une coquille puisqu'il s'appuie sur une citation de l'épitaphe du prince, indiquant dans le texte le 25. septembris, pour affirmer qu'il est mort le vingt-sept
  3. La principauté est connue sous ces deux noms, Samuel Guichenon[1] et certains historiens de la Savoie ultérieurs[25] ont cru à tort qu'il s'agissait de deux principautés distinctes.
  4. Samuel Guichenon donne, dans son ouvrage, pour enfants également quatre frères : Jacques, Amédée, Thomas et Édouard, ainsi qu'une fille Isabelle[26]. Toutefois les années de naissance estimées ou connues de ceux-ci ne peuvent correspondre qu'au second mariage.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Samuel Guichenon, 1660, p. 316-327, Tome I (lire en ligne).
  2. a et b Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3).
  3. a et b Marie-José de Belgique, La maison de Savoie : Les origines. Le Comte Vert. Le Comte Rouge, vol. 1, Paris, A. Michel, , 425 p., p. 110.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p et q MedLands, p. Philippe died 1334 B (lire en ligne).
  5. a et b MedLands, p. Thomas III died 1282 B (lire en ligne).
  6. a et b Samuel Guichenon, 1660, p. 1OO, Preuves, t. IV, 1re partie (lire en ligne).
  7. a b c d e et f Bruno Galland, Les papes d'Avignon et la Maison de Savoie. 1309-1409, École française de Rome, , 497 p. (ISBN 978-2-7283-0539-1, lire en ligne), p. 22-23.
  8. a b c et d Galland 1998, p. 22.
  9. a b c d et e Galland 1998, p. 92.
  10. a et b Bon 1969, p. 172.
  11. a b c d e et f Gustave Léon Schlumberger, Ferdinand Chalandon, Adrien Blanchet, Sigillographie de l'Orient latin, P. Geuthner, , 281 p. (lire en ligne), p. 184-186.
  12. a b c d e f g et h Bon 1969, p. 173.
  13. a et b Bon 1969, p. 179.
  14. a b c d et e Bon 1969, p. 174.
  15. Bon 1969, p. 175.
  16. Bon 1969, p. 176.
  17. a b c et d Bon 1969, p. 177.
  18. Bon 1969, p. 178.
  19. Chevalier 1912-1926, p. 91-92.
  20. Chevalier 1912-1926, p. 160-161.
  21. Chevalier 1912-1926, p. 339.
  22. Samuel Guichenon, 1660, p. 321, Tome I (lire en ligne).
  23. Bruno Galland, Les papes d'Avignon et la Maison de Savoie. 1309-1409, École française de Rome, , 497 p. (ISBN 978-2-7283-0539-1, lire en ligne), p. 252.
  24. Paolo Cozzo, « Stratégie dynastique chez les Savoie: une ambition royale, XVIe-XVIIIe siècle », dans Juliusz A. Chrościcki, Mark Hengerer, Gérard Sabatier, Les funérailles princières en Europe, XVIe-XVIIIe siècle : Volume I : Le grand théâtre de la mort, Les Editions de la MSH, , 412 p. (ISBN 978-2-73511-686-7, lire en ligne), p. 228-229 (Carte).
  25. Léon Kern, Études d'histoire ecclésiastique et de diplomatique, Payot, Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande, Lausanne, 1973, 221 pages, p. 6.
  26. a et b Samuel Guichenon, 1660, p. 322-323, Tome I (lire en ligne).
  27. Marie José, Histoire de la Maison de Savoie « Les origines » éditions Albin Michel, Paris 1956 p. 110.
  28. a et b Samuel Guichenon, 1660, p. 323, Tome I (lire en ligne).
  29. Jean Beyssac, Les Membres de la Maison de Savoie au Chapitre de Lyon, Lyon, E. Vitte, , 94 p., p. 81.
  30. a b c et d Samuel Guichenon, 1660, p. 324, Tome I (lire en ligne).
  31. a et b Samuel Guichenon, 1660, p. 325, Tome I (lire en ligne).
  32. Samuel Guichenon, 1660, p. 326, Tome I (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Antoine Bon, La Morée franque : Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d'Achaie 1205-1430, Ed. de Boccard, , 746 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 : Tome 4, Fascicules 10-12, Impr. valentinoise, 1912-1926, 959 p. (lire en ligne), p. 91-92
  • Bruno Galland, Les papes d'Avignon et la Maison de Savoie. 1309-1409, École française de Rome, , 497 p. (ISBN 978-2-7283-0539-1, lire en ligne)
  • Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie ou Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monumens, histoires, et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 316-327. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]