Otton Ier de Bourgogne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Othon Ier de Bourgogne)

Otton Ier de Bourgogne
Illustration.
Peinture de la Cathédrale Saint-Jean de Besançon.
Titre
Comte palatin de Bourgogne

(10 ans)
Prédécesseur Frédéric Barberousse et
Béatrice Ire
Successeur Jeanne Ire de Bourgogne
Comte du Luxembourg

(1 an)
Prédécesseur Henri IV de Luxembourg
Successeur Ermesinde et
Thiébaut Ier de Bar
Biographie
Dynastie Hohenstaufen
Date de naissance entre 1167 et 1171
Date de décès
Père Frédéric Barberousse
Mère Béatrice Ire de Bourgogne
Conjoint Marguerite de Blois

Otton Ier de Bourgogne (ou Otton Ier de Hohenstaufen) (1170-1200) est le fils de l'empereur germanique Frédéric Barberousse (maison de Hohenstaufen) et de l'impératrice et comtesse Béatrice Ire de Bourgogne (maison d'Ivrée). Il est comte palatin de Bourgogne et Lenzbourg en Suisse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Othon Ier de Bourgogne naquit en 1170, il est le frère cadet du futur empereur Henri VI du Saint-Empire.

Son père Frédéric Barberousse réunit les titres d'empereur du Saint-Empire romain germanique et, du chef de sa femme Béatrice, celle de comte de Bourgogne. Parti à la troisième croisade, il se noie en Asie Mineure en 1190.

Bien qu'il conserve le gouvernement du comté jusqu'à sa mort en 1190, Barberousse procède en 1188 à un partage de ses biens entre ses enfants, qu'il rend officiel au cours d'une diète tenue à Haguenau en 1189. Othon, fils cadet, est choisi comme héritier du comté de Bourgogne. Il reçoit en plus celui de Lenzbourg (Suisse), dont il était déjà titulaire ainsi que le rectorat du royaume d'Arles[1]. L'Allemagne, l'Italie et le Royaume d'Arles (Royaume des Deux-Bourgognes) reviennent à son frère aîné qui devient empereur sous le nom d'Henri VI[2].

Barberousse confère à son fils cadet la dignité de comte palatin[3]. Othon est ainsi le premier des comtes en Bourgogne à être investi de cette dignité que continueront à porter ses successeurs. Ce titre de palatin lui donne une position privilégiée qui le met nettement au-dessus des autres comtes de Bourgogne. Le palatin était le titulaire de la suzeraineté et c'est lui qui entretenait les rapports de fait et de droit avec l'autorité impériale[3].

Othon a passé sa jeunesse en Allemagne et c'est dans ce pays qu'il préfère séjourner, il montre peu d'intérêt à ses domaines de Bourgogne où il ne réside que très rarement. Il y fait sa première visite en 1196[4]. Pour le remplacer dans l'administration du comté pendant ses absences, il confie le gouvernement de la province à un gouverneur, appelé bailli de Bourgogne. Le premier est institué dès l'année 1192[5].

Othon était d'un caractère impétueux et d'un tempérament brutal, voire cruel. Un différend l'oppose au comte de Montbéliard, Amédée II de Montfaucon à la suite de la construction par Othon de la place forte de Clerval, située à la frontière du comté de Montbéliard et qui par sa position menace les terres du comte de Montbéliard, il en serait venu à faire assassiner le comte en 1195[6],[2].

Les rapports de Frédéric Barberousse avec l'Alsace et sa noblesse avaient été excellents, mais Othon, agit brutalement contre la puissance des féodaux et se trouvait depuis 1196 en guerre, avec Conrad de Hunebourg (de), l'évêque de Strasbourg, (1190-1202). Au cours des hostilités il s'était porté avec son armée vers Neuwiller et avait attaqué le château de Hunebourg défendu par Eberhard de Hunebourg l'avoué de Neuwiller, frère de l'évêque de Strasbourg. Eberhard fut tué lors de la prise du château, par Othon, qui lui porta le coup fatal[notes 1]. Profondément irrité de la mort de son frère, l'évêque de Strasbourg avait alors envahi les terres les plus rapprochées de son adversaire, et les avait ravagées. Une trêve avait cependant été conclue entre les deux parties vers le début de . Peu de temps après, le , la veille du décès de l'empereur Henri, le comte Othon, en dépit des accords passés, avait attiré chez lui, Ulrich de Ferrette, un des partisans de l'évêque, sous prétexte de négociations, et l'avait lâchement assassiné de sa propre main[7],[8]. Ces assassinats avaient causé un grand émoi et provoqué la réprobation générale, non seulement parmi les adversaires d'Othon, mais aussi dans les rangs de ses amis.

L'assassinat du comte de Montbéliard lui alinéa tant l'aristocratie d'Alsace que comtoise et dressa contre lui les plus grands féodaux notamment Étienne II d'Auxonne[notes 2], le chef de la branche cadette de la maison comtale de Bourgogne dont la fille Agnès avait épousé Richard, le fils d'Amédée. Le comte Étienne portait, comme avant lui son père et son grand-père le titre de comte de Bourgogne. Othon désireux de l'abaisser lui intima l'ordre d'abandonner son titre et de se contenter de ceux de vicomte d'Auxonne et de comte en Bourgogne. Étienne humilié et dans la plus vive irritation se soumit à la volonté d'Othon. Mais l'autorité du palatin demeurait plus nominale que réelle, aussi bien en Bourgogne que dans le royaume d'Arles[6].

Afin de montrer sa puissance et essayer d'abattre toute résistance il parcourut en 1196, le comté depuis la frontière nord jusqu'à Besançon en compagnie de son frère l'empereur Henri VI, pour y déployer toutes les magnificences de la cour impériale. Il était accompagné dans son périple comtois de l'archevêque de Besançon Amédée de Tramelay (ou Dramelay) et de nombreux seigneurs allemands.

La mort de l'empereur Henri VI le , jeta l'Allemagne dans les plus grands troubles. Deux prétendants, Philippe de Souabe, frère d'Henri et d'Othon comte palatin et Othon de Brunswick fils du duc de Saxe Henri le Lion aspirèrent à la dignité impériale. Philippe de Souabe, duc d'Alsace, apprit la mort de son frère près de Viterbe[notes 3] où il s'était avancé pour aller à son secours. Aussitôt il retraversa les Alpes pour se rendre en Allemagne et veiller aux intérêts de sa maison où il trouva à son arrivée vers la mi- la guerre et la dévastation.

L'évêque de Strasbourg ne pardonnait pas à Othon le meurtre de son frère. S'il avait toujours été fidèlement attaché à la personne de l'empereur Henri VI, celui-ci mort, l'évêque n'avait plus d'égards à prendre vis-à-vis du comte Othon et de la maison de Souabe, à laquelle il appartenait[8]. Dans la succession de l'empereur l'évêque Conrad avec le pape Innocent III, le comte de Montbéliard, et nombre prélats jetèrent leur préférence sur Othon de Brunswick. Philippe de Souabe était soutenu par le roi de France Philippe-Auguste, les archevêques de Besançon, de Trèves, de Magdebourg, neuf évêques, le roi de Bohême, le duc de Saxe, celui de Bavière, celui d'Autriche et l'abbé de Luxeuil[6].

Cette division déclencha une guerre qui mit l'Alsace à feu et à sang. Dès que la nouvelle du décès de l'empereur parvint en Alsace, l'évêque de Strasbourg commença avec ses alliés à envahir et à dévaster les possessions du meurtrier et de ses partisans, ainsi que celles de leurs vassaux. Mais les belligérants ne s'en tinrent pas là. Profitant des conjonctures favorables, ils étendirent également leurs déprédations sur les possessions impériales situées en Alsace, les dévastèrent et les incendièrent. Ils s'emparèrent de Colmar, Sélestat, Obernai, Rosheim et d'autres villes et villages relevant de l'empereur. À défaut de défenseur, les possessions impériales devinrent alors la proie facile du premier occupant[9]. Dès le début des hostilités Othon, comte palatin de Bourgogne s'était porté au secours à son frère Philippe. De cette lutte pour la dignité impériale ce fut finalement Philippe, qui fut élu empereur à Mulhouse le contre Othon de Brunswick. La guerre s'apaisa en Allemagne. Mais peu après parvinrent à Othon des nouvelles que le comte Richard de Montbéliard, et son beau-père Étienne II d'Auxonne et leurs alliés avaient attaqué ses domaines dans le comté de Bourgogne.

Étienne II était le petit-fils de Guillaume de Mâcon[10] qui avait tenu captive Béatrice était l'ennemi le plus redoutable que put se créer le fils de Barberousse. Il aspirait, comme prince de sang de Bourgogne, à régner un jour sur le comté[11]. Il était puissant en domaines et avait les appuis des autres barons comtois. Il tenait fortement les bords de Saône par son comté d'Auxonne, ses châteaux d'Oiselay, de Scey-sur-Saône, de Traves, de Frotey et d'Arlay[12].

Étienne avait vu dans l'éloignement d'Othon en Alsace l'occasion tant attendue qui lui permettait de réaliser son ambition de supplanter la branche palatine et d'assouvir sa vengeance contre Othon. De concert avec son gendre de Montbéliard ils s'étaient soulevés contre le palatin. Pour l'aider dans son entreprise il rechercha l'alliance du duc de Bourgogne Eudes III. En 1197 il déclara jurable et rendable au duc, sa principale forteresse, le château d'Auxonne qui n'était pas un fief des comtes palatins. En échange, Eudes III s'engagea à prêter main-forte à son nouveau vassal contre le comte Othon. Le duc de Bourgogne venait de réaliser le premier progrès pour étendre l'influence du duché sur le comté et il trouvait une voie de franchissement de la Saône toute ouverte pour pénétrer dans le comté où il entrait en ennemi[notes 4].

Le comte de Montbéliard envahit le nord et l'est du comté et mis en cendre l'abbaye de Luxeuil qui tenait le parti de Philippe de Souabe et envahit les terres de l'archevêque de Besançon. Il parvint à le capturer et le retint prisonnier dans son château de Montbéliard. Dans le même temps Étienne avait soulevé le Scodingue (ou Escuens). La lutte fut assez chaude. Othon demanda l'appui de l'empereur Philippe qui se porta à son tour au secours de son frère. Il entra dans le comté au mois de à la tête d'une armée, soumit le comte de Montbéliard, rendit à la liberté l'archevêque de Besançon et réduisit à l'obéissance tous les barons qui avaient pris les armes contre lui. La guerre prit fin en 1200. Étienne et ses alliés déposa les armes mais n'avait renoncé à aucun de ses projets.

Philippe quitta le comté en laissant son frère atteint d'une incurable langueur qui dura un an. Othon expira le à l'âge de trente-trois ans. Il fut inhumé dans le parvis de Saint-Étienne de Besançon[13].

Le palatin avait laissé deux filles en bas âge, Jeanne et Béatrice, sous la tutelle de Marguerite de Blois, leur mère. Cette princesse gouverna le comté de Bourgogne au nom de Jeanne.

Ermesinde Ire de Luxembourg (fille du comte Henri IV de Luxembourg) épouse du comte Thiébaut Ier de Bar négocie avec l'empereur la succession du comté de Luxembourg.[réf. souhaitée]

Jeanne Ire de Bourgogne succède à son père comme comtesse de Bourgogne à l'âge de 9 ans. Elle décède en 1205 à l'âge de 14 ans. Sa sœur Béatrice II de Bourgogne hérite du comté avec son époux, le comte Othon II de Bourgogne, fils de Berthold IV von Diessen, comte d'Andechs et duc de Méranie, et d'Agnès de Basse-Lusace.

Union et postérité[modifier | modifier le code]

En 1190 Othon épouse Marguerite de Blois (1170-1230), fille du comte Thibaut V de Blois et de Chartres et d'Alix de France (fille du roi Louis VII de France). Ils ont deux enfants :

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. G. Gravier & J. Girardot 1987, p. 104.
  2. a et b M.-T. Allemand-Gay 1998, p. 31.
  3. a et b M.-T. Allemand-Gay 1998, p. 40.
  4. M.-T. Allemand-Gay 1998, p. 33.
  5. G. Gravier & J. Girardot 1987, p. 105.
  6. a b et c G. Gravier & J. Girardot 1987, p. 106.
  7. M.-T. Allemand-Gay 1998, p. 36.
  8. a et b Marcel Moeder 1934, p. 12.
  9. Marcel Moeder 1934.
  10. Guillaume comte de Mâcon et de Vienne, mort en 1155. Il avait épousé Poncette de Traves.
  11. É. Clerc, T. 1 1870, p. 403.
  12. Lucien Fèbvre 2003, p. 82.
  13. G. Gravier & J. Girardot 1987, p. 107.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. É. Clerc, Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, t. 1, 1870, p. 389, donne cette indication : « Il perça d'une flèche le frère de Conrad, d'autres auteurs écrivent qu'il le fit attacher au gibet. »
  2. Étienne était descendant de Guillaume, frère de Renaud III. Cette lignée appelée « les Chalon » se qualifiaient de comtes de Bourgogne.
  3. Viterbe en Italie.
  4. J. Richard in Les Ducs de Bourgogne et la Formation du duché du XIe au XIVe siècle, Imprimerie Bernigaud et Privat, Dijon, 1954 donne cette précision : « Une clause contenue dans le traité exprime simplement l'engagement pris par Étienne de ne pas faire la paix avec Othe sans l'assentiment du duc, qui autrement serait en droit d'occuper Auxonne ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Thérèse Allemand-Gay, Le Pouvoir des comtes de Bourgogne au XIIIe siècle, Paris, Cahier d’études comtoises, vol. 36, , 495 p. (ISBN 2-251-60368-9).
  • Gabriel Gravier et Jean Girardot, Histoire de la Franche-Comté, Marque-Maillard, (ISBN 2-903900-29-9).
  • Marcel Mœder, Études sur l'histoire de Mulhouse aux XIIe et XIIIe siècles, La rivalité des Évêques et des Empereurs jusqu'à la chute des Hohenstauffen 1197-1254, in Bulletin du Musée historique de Mulhouse, imprimerie J. Brinkmann, .
  • Lucien Fèbvre, Histoire de Franche-Comté, Édition Arts et Littérature, (ISBN 2-912351-36-7).
  • Édouard Clerc, Essai sur l’histoire de la Franche-Comté, Ch. Marion Besançon, .
  • Jean-Yves Mariotte, Le Comté de Bourgogne sous les Hohenstaufen (1156-1208), Les Belles Lettres, , 233 p. (ISBN 978-2-251-60056-7).

Liens externes[modifier | modifier le code]