Michel Marescot

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Michel Marescot
de gueules à trois faces d'argent, au Lion léopardé, brochant sur le tout, au chef de même chargé d'un Aigle couronné de sable ; & pour cimier, un Léopard surmonté d’un Aigle couronné.
Fonction
Premier médecin du roi
Henri IV
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 66 ans)
Paris
Formation
Ancienne faculté de médecine de Paris (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Enfant
Autres informations
Chaire
Maître

Michel Marescot, né le à Vimoutiers, mort le à Paris[1], est un médecin français, premier médecin du roi Henri IV.

Biographie[modifier | modifier le code]

La famille des Marescot, qui était d’originaire d’Italie[2], a passé les Alpes, après avoir pris, lors de la guerre des Guelphes et des Gibelins, le parti des premiers contre les seconds, pour venir s’établir en France, dès 1388[α 1].

Michel Marescot naît en août 1539, à Vimoutiers, alors que les revers de fortune de la famille ont obligé son père à se livrer au commerce. Resté orphelin en bas âge, il passe sous la tutelle de son frère ainé, qui l’ envoie étudier à Paris, dès l’âge de neuf ans[3].

Comme il a peu d’appétence pour l’état ecclésiastique auquel le destinait son frère, il s’avance de lui-même, étudiant beaucoup et faisant en peu de temps les progrès les plus rapides dans les lettres, au point d’enseigner publiquement la philosophie, à l’âge de dix-huit ans seulement, et comptant l’historien Jacques Auguste de Thou parmi ses étudiants.

En 1564, alors qu’il professe encore au collège de Bourgogne, il est élu, à la première année de son baccalauréat, recteur de l’université, le [4]. Sous son rectorat, avec le conseil de Pierre de La Ramée et de Jacques Charpentier, il refuse aux Jésuites leur incorporation à l’université, au motif que le clergé régulier est inadmissible, et que nombre de leurs statuts et vœux contreviennent aux principes et aux lois du royaume[3].

Après avoir professé quelque temps la philosophie, il suit les cours du médecin Jacques Dubois et est reçu docteur de la faculté de médecine de Paris, deux années après, sous la présidence d’André Pardoux, le .

Après avoir obtenu son doctorat, il professe dans les écoles, démontrant publiquement l’anatomie dans l’amphithéâtre des écoles de médecine, où ses leçons sont très suivies. On lui doit en partie les noms des muscles du larynx, du pharynx, de la langue et de l’os hyoïde. Il s’ applique tout particulièrement à former les chirurgiens non lettrés, leur apprenant la dissection, l’art des opérations et la manière de la démonstration[3].

En 1588, la faculté de médecine le choisit comme doyen. Sous son décanat, les chirurgiens non-lettrés ayant suivi depuis longtemps, avec assiduité et docilité les leçons de l’amphithéâtre, et en ayant bien profité, obtiennent, sur leur requête, un témoignage et un certificat honorable de leur capacité dans toutes les parties manuelles de la chirurgie[3]. Son décanat été prolongé l’année suivante.

Loin de limiter sa carrière à l’enseignement, il pratique également la médecine à la ville, où sa grande réputation lui acquiert l’estime et l’amitié de tous les Parisiens distingués. Monté à la Cour, il est nommé premier médecin d’Henri IV, en 1595. Il préfère néanmoins pratiquer la médecine à Paris plutôt qu’être attaché à la Cour[4].

Henri IV, d’une santé robuste et n’ayant pas besoin d’un médecin assidu auprès de sa personne, le renvoie souvent à Paris, même dans les plus grands troubles et au plus fort de la rébellion de la ville aux mains de la Ligue catholique. Il joue donc un rôle d'espion : se répandre dans la capitale, écouter les discours, observer les mouvements des Parisiens, et en rendre compte pendant la nuit, un médecin paraissant occupé de sa profession et faisant des visites d’un endroit à un autre n’étant guère suspect[5]. Pour le récompenser de sa fidélité et de son zèle, le roi restaure les statuts de sa famille en lui accordant des lettres de noblesse, expédiées en mars 1596 (enregistrées en la cour des aides le , confirmées par lettres du , vérifiées en février et avril 1603)[3].

En 1599, il se voit confier le soin d'aller en province avec deux collègues pour étudier un cas de « possession par le démon », celui de Marthe Brossier. Il conclut à une falsification et publie un mémoire de 48 pages : Discours véritable sur le faict de Marthe Brossier de Romorantin, prétendue démoniaque (lire en ligne sur Gallica).

En , il est atteint par la goutte. Sans cesser de voir ses malades, leur disant qu'il espère les guérir, mais qu'il n'en espère pas tant pour lui-même, il s’ éteint le 20 octobre, âgé de 66 ans, au milieu de ses enfants et de ses amis, sans souffrance et avec une résignation toute particulière[6]. Il est inhumé à l’église Saint-Merri, de sa paroisse[3]. Il est remplacé dans ses fonctions d’archiatre par André du Laurens[7].

Il avait épousé, vers 1570, Jeanne Vaudor, veuve de Jean Duchon, docteur en médecine, fille de Nicolas Vaudor, essayeur de la monnaie, et de Geneviève Huvé[8].

Il fut le père de Guillaume Marescot, maitre des requêtes, et le grand-père de Michel Marescot, qui occupa également cette fonction[9].

Sa première biographie a été écrite par son contemporain Jean Papire Masson[10].

Iconographie[modifier | modifier le code]

  • Son portrait aurait été perdu ou volé[11].

Éponymie[modifier | modifier le code]

  • Allée Michel Marescot, à Lisieux, nommée en son honneur[α 2].

Publications[modifier | modifier le code]

  • (la) Disputatio de ideis et universis, ex Platonis et Aristotelis sententia, in qua refellitur error de communibus naturis, Paris, .
  • (la) Francesci Titelmani dialectica puriori sermone donata opera Michaelis Marescotii Lexoviensis : Adjecta sunt margini utilissima scholia, quæ propria hujus artis vocabula tum græca tum latina continent : ut his philosophiæ rudes assuescant, Paris, Thomas Richard, (lire en ligne).
  • Discours véritable sur le faict de Marthe Brossier de Romorantin, prétendue démoniaque, Paris, Mamert Patisson, , viii-48, in-8° (lire en ligne sur Gallica).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Une partie de cette famille est restée dans la Gaule narbonnaise, vers Carcassonne tandis que l’autre s’établissait en haute Normandie.
  2. Allée Michel Marescot.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « 7 novembre 1605 : Inventaire après le décès de Michel Marescot. »
  2. Le nom était peut-être Marescoti. Voir François Godet de Soudé, Dictionnaire des ennoblissemens, ou Recueil des lettres de noblesse depuis leur origine : tiré des registres de la Chambre des Comptes & de la Cour des Aides de Paris, t. 1, Paris, au Palais Marchand, , 2 vol. (lire en ligne), p. 135. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, « Marescot de Thoiry », dans Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique…, Paris, Duchesne, (lire en ligne), p. 503 écrit que c’est plutôt « Marescotti » (de Bologne).
  3. a b c d e et f Jacques Albert Hazon et Thomas Bernard Bertrand, Notice des hommes les plus célèbres de la Faculté de Médecine en l’Université de Paris, depuis 1110, jusqu’en 1750 (inclusivement), Paris, Benoit Morin, , 273 p. (lire en ligne), p. 66.
  4. a et b « Marescot (Michel) », dans Encyclopédie méthodique : médecine, t. 8, Paris, H. Agasse, , 679 p. (lire en ligne), p. 512.
  5. (en) Vivian Nutton, Medicine at the Courts of Europe : 1500-1837, Londres ; New York, Routledge, , 314 p., 24 cm (ISBN 978-0-42975-888-1, OCLC 1193010685, lire en ligne), p. 186.
  6. Son inventaire après décès comporte 74 feuillets dont huit pour l'inventaire des livres de sa bibliothèque
  7. Nicolas Éloy, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, t. 4, Mons, H. Hoyois, , 649 p. (lire en ligne), p. 107.
  8. Etienne Pattou, « Famille(s) de Marescot », sur Racines&Histoire
  9. Guy Patin, Nouvelles lettres de feu Mr. Gui Patin : Tirees du cabinet de Mr. Charles Spon contenant l’histoire du tems & des particularitez sur la vie & sur les ecrits des savans de son siécle, t. 1, Paris, Pierre Gosse, , 410 p. (lire en ligne), p. 144.
  10. Ferdinand Höfer, Nouvelle Biographie générale, t. 34, Paris, Firmin-Didot, , 1024 p. (lire en ligne), p. 207.
  11. Noé Legrand, « Image inédite de deux portraits de doyens de l’ancienne Faculté, François Duport et Michel Marescot, médecin d’Henri IV, portraits aujourd’hui perdus ou détruits », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, Paris, Honoré Champion, no 9,‎ , p. 27-31 (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Véronique Sansigolo, Michel Marescot, un médecin parisien de Charles IX à Henri IV (Thèse d'exercice : Médecine), Dijon, , 57 p. (lire en ligne)
  • Michel Marescot : enfant de Vimoutiers, 1539-1605 : médecin du bon roy Henry, Vimoutiers, Société historique de Vimoutiers en Pays d'Auge, , 52 p. (lire en ligne)
  • Françoise Lehoux (préf. Pierre Chaunu), Le cadre de vie des médecins parisiens aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Picard, , 614 p. (lire en ligne)
    Compte-rendu : Danielle Jacquart, « Françoise Lehoux. Le cadre... », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 136, no 1,‎ , p. 204–206 (lire en ligne).
  • Théodore Godefroy, « Vie de Michel Marescot. Publié en 1652 », dans Jacques Lelong et Charles-Marie Fevret de Fontette, Bibliothèque historique de la France : contenant le catalogue des ouvrages imprimés et manuscrits qui traitent de l’Histoire de ce Royaume ou qui ont rapport, t. 4, Paris, J.-T. Herrisant, (lire en ligne), p. 114.

Liens externes[modifier | modifier le code]