Michel Chevalier (homme politique)

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Michel Chevalier, né le à Limoges et mort le au château de Montplaisir, est un homme politique et économiste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Ancien élève de Polytechnique (X1823[1]), Chevalier en sort major[2] et devient ingénieur du corps des Mines en 1829.

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

En 1830, après la Révolution de juillet, il devient un adepte de la doctrine saint-simonienne[3] et éditeur du journal Le Globe[4], qui sera interdit en 1832 lorsque la « secte des Simoniens » est décrétée contraire à l'ordre public. En tant qu'éditeur, il est condamné à six mois de prison qu'il effectue à Sainte-Pélagie[1].

À sa libération, le ministre de l'intérieur Adolphe Thiers l'envoie en mission aux États-Unis et au Mexique, pour y observer l'état industriel et économique des Amériques. À Mexico, il rencontre Andrés Manuel del Río, l'un des plus grands minéralogistes de son temps. En 1837, il publie Des intérêts matériels en France, qui marque le véritable début de sa carrière[5]. Il est nommé cette année-là chevalier de la Légion d'honneur[6]. En 1838, il est conseiller d'État[5].

En 1841, il obtient la chaire d'économie politique au Collège de France[a]. Il se fiance en 1844 avec Emma Fournier, avec qui il se marie un an plus tard. Il est plutôt d'obédience libérale et libre-échangiste. Il est élu député de l'Aveyron (« ...et ne le fut pas longtemps », indique plaisamment son biographe J. Simon[5]) à la Chambre en 1845. Il participe à la rédaction du Journal des débats en 1848. Il devient, en 1851, membre de l'Académie des sciences morales et politiques au fauteuil du Dr Villermé[5]. Cette même année, après le coup d'État du , il se rallie à Napoléon III, dont il devient un conseiller économique très écouté[8]. Il est nommé sénateur en 1869.

Malgré l'opposition des grands industriels et des Chambres, Chevalier tente d'imposer ses conceptions libre-échangistes à la politique commerciale de la France. Avec Richard Cobden et John Bright, il est l'un des artisans — aidé par François Barthélemy Arlès-Dufour — du traité franco-britannique de libre-échange de 1860[1], surnommé « traité Cobden-Chevalier ».

En 1867, il est président du jury international à l'Exposition universelle après avoir participé aux précédentes expositions en tant que président de la Commission d'économie domestique à l'exposition de Paris en 1855[5] et chef de la délégation française à l'exposition de Londres de 1862. À la chute de l'Empire en 1870, s'étant retiré de la vie publique, il fonde une société d'études pour la réalisation d'un tunnel sous la Manche avec Thomé de Gamond[9]. La concession du tunnel sera obtenue en 1880, quelques mois après sa mort, mais les travaux seront vite abandonnés.

Un de ses frères cadets, Auguste Chevalier, fut normalien section scientifique, ingénieur, secrétaire général de la Présidence, député de l'Aveyron, saint-simonien et disciple de Prosper Enfantin, ami cher d'Évariste Galois, qui lui dédia sa dernière et célèbre lettre la nuit précédant sa mort. Il fut un économiste et un homme d'affaires.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Michel Chevalier se marie le 16 avril 1845 avec Emma Fournier (1823-1913). Le couple a quatre filles :

  • Marie, née en 1846, qui épouse Albert Le Play en 1867 ;
  • Cordélia (1848-1913), qui épouse Paul Leroy-Beaulieu le 2 mai 1870 ;
  • Camille (1850-1927), qui épouse Émile Flourens le 11 août 1874 ;
  • Geneviève (1851-1902) qui épouse l'industriel Émile Dehollain (1841-1917) le 5 avril 1876.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Système de la Méditerranée, articles parus dans le journal Le Globe, 1832
  • Lettres sur l'Amérique du Nord, Paris, Charles Gosselin et Cie, 1836
  • Des intérêts matériels en France, 1837
  • Histoire et description des voies de communication aux États-Unis, 1840-1842, 2 volumes
  • Essais de politique industrielle, 1843
  • Cours d'économie politique, 1842-1850, 3 volumes
  • L'Isthme de Panama, suivi d'un aperçu sur l'isthme de Suez, 1844
  • La Liberté aux États-Unis, Paris, Capelle, 1849
  • Les Brevets d'invention examinés dans leurs rapports avec le principe de la liberté du travail et avec le principe de l'égalité des citoyens, 1878

Sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Sa chaire a été temporairement supprimée du fait de la création de l'éphémère école d'administration de 1848-1849[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « notice CHEVALIER Michel », sur Dictionnaire biographique du mouvement social Maitron, (consulté le ).
  2. ...mais le dictionnaire Le Maitron (op. cit.) indique qu'il sort classé avec le numéro 13.
  3. Jules Simon, Notices et portraits : Caro, Louis Reybaud, Michel Chevalier, Fustel de Coulanges, Calmann Lévy, .
  4. Pierre Musso, « La distinction saint-simonienne entre réseaux "matériels" et "spirituels" », Quaderni, no 39,‎ , p. 55-76.
  5. a b c d et e Jules Simon, « Notice historique sur la vie et les travaux de M. Michel Chevalier », sur Académie française, .
  6. Il est élevé au rang de grand officier de la Légion d'honneur le (Archives nationales, cote L0522031).
  7. Machin Howard et Wright Vincent, « Les élèves de l'École Nationale d'Administration de 1848-1849 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 36, no 4,‎ , p. 605-639 (lire en ligne, consulté le ).
  8. Pierre Musso, « Michel Chevalier », sur le site des Archives de France
  9. Michael Drolet et Ophélie Siméon, « Michel Chevalier, précurseur de l’Europe moderne? », La Vie des Idées,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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