Louise-Bénédicte de Bourbon

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Louise-Bénédicte de Bourbon
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François de Troy, Louise-Bénédicte de Bourbon, Musée des Beaux-Arts d’Orléans.

Titre

Princesse des Dombes


(43 ans, 1 mois et 9 jours)

Prédécesseur Gaston de France
Successeur aucun
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon-Condé
Distinctions Ordre de la Mouche à miel
Nom de naissance Anne Louise Bénédicte de Bourbon
Naissance
Hôtel de Condé, Paris
Décès (à 76 ans)
Paris
Père Henri-Jules de Bourbon-Condé
Mère Anne de Bavière
Conjoint Louis-Auguste Ier
Enfants Louis-Auguste Louis-Charles Louise-Françoise
Religion Catholicisme

Signature

Signature de

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Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon dite « Mademoiselle d’Enghien » puis « Mademoiselle de Charolais », duchesse du Maine[1], est une princesse française née à Paris[2] le et morte dans la même ville le . Elle fut également, par son mariage, princesse de Dombes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Petite-fille du Grand Condé, fille du prince de Condé, très petite de taille, comme tous les membres de sa famille, elle est surnommée « poupée du sang » par sa belle-sœur Mademoiselle de Nantes, jalouse de sa naissance.

Mariage[modifier | modifier le code]

Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé épousa à Versailles, le , Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736), bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Violente, venant d'une famille marquée par la folie, elle menaçait son pieux mari de devenir folle s'il la contrariait et n'hésitait pas à l'accabler de remarques blessantes sur le fait qu'il boitait.

Ambitions politiques[modifier | modifier le code]

Blessée dans son orgueil d'avoir dû épouser le duc du Maine, elle poussa son mari, homme intelligent mais faible, et enfant préféré du roi, à rechercher un rang qu’il ne pouvait soutenir : entrée au parlement à 20 ans au lieu de 25 (1694) puis aptitude à succéder au trône avant les princes du sang et rédaction d’un testament par Louis XIV (1714). Elle chercha également à jouer un rôle politique sous la Régence, pour venger l’affront fait à son mari par le Régent. Celui-ci avait fait casser le testament de Louis XIV, qui donnait à ses bâtards légitimés la préséance sur les princes du sang. Le Régent avait écarté le duc du Maine des conseils de régence. Ce fut elle qui engagea son mari à entrer dans la conspiration de Cellamare en 1718, en vue de faire attribuer la régence au roi d’Espagne. Lorsque le complot fut éventé, le duc du Maine fut arrêté à Sceaux le et incarcéré à la forteresse de Doullens, elle, arrêtée le même jour à Paris et emprisonnée à Dijon en 1719. Elle put retourner à Sceaux l’année suivante, le , et ne s'y occupa plus que d’y tenir sa cour.

L'ordre de la Mouche à miel[modifier | modifier le code]

L'ordre de la Mouche à miel est une parodie d'ordre de chevalerie créée à Sceaux par Louise-Bénédicte de Bourbon. Cet ordre se composait de trente-neuf membres qui avaient leurs habits et serments. L'abeille était leur symbole qui fut accompagnée par cette devise : « Piccola si, ma fa pur gravi le ferite » (« Elle est petite, mais fait de graves blessures »)[3].

Une princesse du grand siècle[modifier | modifier le code]

Étienne Jehandier Desrochers, Louise-Bénédicte de Bourbon, gravure.

La duchesse était bonne danseuse dans sa jeunesse, elle jouait du clavecin, de la flûte et savait chanter.

Le château de Sceaux en 1736.

Dans son château de Sceaux, elle tenait une véritable cour qu'on appelait « la petite cour de Sceaux », donnant des fêtes de nuits costumées et accueillant des écrivains et des artistes, parmi lesquels certains des plus grands esprits de la France de son temps.

La Duchesse souffrant d'insomnie, obligeait ses proches à s'occuper d'elle pendant ces longs moments. Elle fut l'inspiratrice, l'instigatrice, mais aussi l'actrice et la dédicataire de ces divertissements nocturnes.

C'est à partir de 1699 que débutent les fêtes de ChâtenayMalézieux possède une propriété, puis à Versailles, au Château de Clagny et Château de Sceaux.

Les fêtes de Châtenay dureront jusqu'en 1705. Les divertissements de Clagny verront plusieurs représentations au cours de 1705 - 1706, ainsi qu'à Sceaux où elle donne pendant la même période des bals masqués pour Mardi-Gras.

Les Grandes Nuits de Sceaux eurent lieu entre et . L'opéra Les Amours de Ragonde de Jean-Joseph Mouret est créé en au château de Sceaux au cours de la treizième de 16 Grandes Nuits. Nicolas Bernier crée également des cantates, Les Nuits de Sceaux. d'autres musiciens comme Colin de Blamont et Thomas-Louis Bourgeois y participent. Les fêtes reprendront doucement en , avec des vers de Malézieux mis en musique par Pierre Nicolas Marchand, des illuminations au Pavillon de l'Aurore, puis, plus grandioses entre 1729 et 1731, des illuminations, feux d'artifice et pièces de théâtre. Veuve en 1736, elle fait jouer La Prude à Sceaux en 1748. Voltaire, à la suite d'une brouille, ne reviendra à Sceaux qu'en 1750 pour la représentation de La Rome sauvée.

Sa bibliothèque[modifier | modifier le code]

Initiée très jeune au goût de la science par Jean de La Bruyère, elle comptera dans son salon des personnalités comme Fontenelle. Elle avait un penchant pour les sciences et sa bibliothèque, dont l'inventaire fut dressé par le libraire parisien Louis Étienne Ganeau, permet de dénombrer 3 000 ouvrages, ainsi que 58 volumes dépareillés du Journal de Trévoux, 30 romans brochés, des paquets de brochures et œuvres musicales. On y trouvait des manuscrits de prière sur vélin. Le tout fut estimé à quatre mille sept livres.

Veuvage[modifier | modifier le code]

Veuve en 1736, ne pouvant plus faire face aux dépenses excessives de l'entretien du château de Montrond, elle l'abandonna aux habitants de Saint Amand Montrond, qui en firent une carrière de pierre. Elle loua l'hôtel actuellement dénommé « hôtel Biron » à la veuve du financier Abraham Peyrenc de Moras, rue de Varenne. Elle y fit exécuter le magnifique décor de boiseries. C'est là qu'elle mourut en 1753. Elle fut inhumée dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux. Sa tombe fut profanée à la Révolution et ses restes furent jetés dans une fosse commune[4].

Ascendance[modifier | modifier le code]

Descendance[modifier | modifier le code]

Le duc et la duchesse du Maine eurent sept enfants, tous sans postérité :

  1. N… dite « Mademoiselle de Dombes » ( - ) ;
  2. Louis Constantin de Bourbon, prince de Dombes ( - ) ;
  3. N… dite « Mademoiselle d'Aumale » ( - ) ;
  4. Louis-Auguste, prince souverain de Dombes ( - ) ;
  5. Louis-Charles, comte d'Eu, prince souverain de Dombes ( - ) ;
  6. Charles, duc d'Aumale ( - ) ;
  7. Louise-Françoise dite « Mademoiselle du Maine » ( - ).

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. De par son mariage avec Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736), bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan.
  2. Catherine Cessac, « Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon », notice biographique, Dictionnaire des femmes de l'Ancien Régime, Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime (SIEFAR), (consulté le ).
  3. Voir Adolphe Julien, La comédie à la Cour, s.d., p. 15-137. Et Dinaux, Sociétés badines, 1867, t. II, p. 77-87.
  4. tombes-sepultures.com
  5. AlloCine, « Les Aventures du jeune Voltaire » (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Les armes de la duchesse du Maine
  • Jean-Luc Gourdin, La duchesse du Maine : Louise-Bénédicte de Bourbon, princesse de Condé, Paris, Pygmalion, , 403 p. (ISBN 2-85704-578-6)
  • La duchesse du Maine : une mécène à la croisée des arts et des siècles, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, coll. « Études sur le XVIIIe siècle, 31 », , 287 p. (ISBN 2-8004-1326-3)
  • Élisabeth Charlotte de Bavière, dite princesse Palatine, Lettres, des premières années du XVIIIe siècle.
  • Collectif, sous la direction de Cécile Dupont-Logié, Une journée à la cour de la duchesse du Maine, [catalogue d'exposition], Éd. Musée de l'Île-de-France, Sceaux, 2004, 104 p.
  • Adolphe Jullien, Les Grandes Nuits de Sceaux, [le théâtre de la duchesse du Maine], réédition, (ISBN 9781160172776)
  • Catherine Cessac, Les Grandes Nuits de Sceaux, 1714-1715, théâtre des folies de la duchesse du Maine, Éd. M. B. Dufourcet, Mazouer, Surgers, Université M. de Montaigne, Bordeaux, , Tübingen, 2011, p. 249-264.
  • Catherine Cessac, La duchesse du Maine (1676-1753). Entre rêve politique et réalité poétique, Paris, Classiques Garnier, « L’Europe des Lumières », 2016
  • La Duchesse du Maine (1676-1753), une mécène à la croisée des arts et des siècles, co-direction, Catherine Cessac, Manuel Couvreur et Fabrice Preyat, Études sur le 18e siècle, Éditions de l'Université de Bruxelles, 31, 2003
  • Charles Lacretelle, Histoire de France pendant le XVIIIe siècle, vol. 1, Éd. F. Buisson, 10 rue Gilles-Cœur à Paris, 1808, p. 97.
  • Les fêtes de Malabry, vol.[réf. incomplète]
  • Divertissements de Sceaux, vol., 1725[réf. incomplète]
  • Léonce de Piépape, "Une petite-fille du Grand Condé : la duchesse du Maine : reine de Sceaux et conspiratrice (1676-1753)", Plon, Paris, 1910.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

  • Nicolas Bernier, "Les Nuits de Sceaux", Apollon ou le Dieu du jour, L'Aurore, cantates interprétées par Les Folies Françoises, dir. Patrick Cohën-Akénine, enregistrement en 2003 à la chapelle de l'hôpital du Bon-Secours, Édition Alpha, distribution Abeille Musique (06/2004). ffff de Télérama

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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