Louis Malle

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Louis Malle
Louis Malle en 1958. Photo d'identité (Sacem).
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Président du jury du festival de Cannes
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Conjoints
Anne-Marie Deschodt (de à )
Candice Bergen (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Xavier Malle (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Louis Malle, né le à Thumeries (France) et mort le à Beverly Hills (Californie), est un réalisateur français.

Tout au long de sa carrière, il est récompensé par la Palme d'or en 1956, par l'Oscar du meilleur film documentaire en 1957 et par trois Césars en 1988.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Né à Thumeries dans le Nord le [2] au milieu d'une fratrie de trois frères et deux sœurs, Louis Malle est issu d'une grande famille d'industriels du sucre : son père, Pierre Malle (1897-1990), ancien officier de marine, est l'époux de la sœur de Ferdinand Béghin, Françoise (1900-1982)[3]. Les deux hommes sont directeurs de l'usine Béghin-Say de Thumeries.

Il grandit dans le milieu de la grande bourgeoisie et traverse l'Occupation dans différents internats catholiques dont celui qu'il évoque plus tard dans Au revoir les enfants. Dès l'âge de 14 ans, il s'initie à la réalisation de films avec la caméra 9 mm de son père.

Il est élève à l'IEP de Paris de 1950 à 1952[4], au sein de la section internationale[5]. Germe à ce moment sa carrière de cinéaste. Il est reçu au concours de l'IDHEC en 1953[6].

Vie privée[modifier | modifier le code]

On lui connaît plusieurs aventures, notamment Jeanne Moreau qu'il filme dans Les Amants à la fin de leur histoire, ainsi que Mijanou Bardot et Marie Laforêt.

Au début des années 1960, il a une liaison avec le mannequin brésilien Vera Valdez[7].

Marié de 1965 à 1967 à Anne-Marie Deschodt, il aura en 1970 une aventure avec Nathalie Delon, à qui il fera découvrir l'héroïne.

Louis Malle se lie ensuite à l'actrice allemande Gila von Weitershausen dont il a, en 1971, un fils, Manuel Cuotemoc, à l'actrice franco-canadienne Alexandra Stewart qui lui donne, en 1974, sa fille Justine Malle, puis, entre autres, à Susan Sarandon à la fin des années 1970.

Il épouse l'actrice Candice Bergen en 1980. Leur fille, Chloé Malle, naît en 1985. Ils sont restés mariés jusqu'à la mort de Louis Malle en Californie, en 1995.

Sa cousine, Françoise Béghin (née en 1938), fille benjamine de son oncle maternel Ferdinand Béghin, est l'épouse de l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson[3].

L'un de ses frères, Vincent Malle, a été producteur de cinéma.

Mort[modifier | modifier le code]

Il meurt d'un lymphome le à Los Angeles, à l'âge de 63 ans. Il est incinéré, et ses cendres ont été remises à sa famille[8].

Carrière[modifier | modifier le code]

Jacques-Yves Cousteau recherche alors un jeune assistant pour réaliser un documentaire sur les fonds marins. Parmi les jeunes étudiants que la direction de l'IDHEC lui propose, il choisit Malle. Plusieurs mois de travail sur la Calypso aboutissent au Monde du Silence (1955), récompensé par la Palme d'or à Cannes en 1956 (premier film documentaire à en être lauréat, avant Fahrenheit 9/11 de Michael Moore) et l'Oscar du meilleur film documentaire en 1957.

Sur le tournage, Louis Malle a les tympans crevés lors d'une plongée et ne peut dès lors plus réaliser des travaux de ce type. Les projets qui suivent, films et documentaires, sont moins consensuels et volontiers provocateurs, optant pour des sujets plus critiques ou polémiques.

Louis Malle travaille notamment avec Robert Bresson à la préparation d'Un condamné à mort s'est échappé et assiste à une partie du tournage. Il est profondément marqué par le travail de Bresson avec les « non-acteurs » et l'importance qu'il accorde à la bande-son.

C'est alors l'essor de la Nouvelle Vague. Le cinéma des débuts de Malle partage avec la Nouvelle Vague plusieurs caractéristiques mais le réalisateur suit ensuite son chemin seul, guidé par ses propres motivations.

Louis Malle réalise son premier long métrage de fiction à 25 ans, Ascenseur pour l'échafaud (1957), histoire d'assassinat avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet qui joue sur les codes du film noir et remet en cause la dramaturgie du cinéma classique. Passionné par le jazz depuis l'adolescence, Malle en confie la musique originale à Miles Davis[9]. Le film remporte le Prix Louis-Delluc en 1957.

Dans Les Amants, également avec Jeanne Moreau, qui s'inspire lointainement de Point de lendemain de Vivant Denon, il s'attaque à l'hypocrisie de la société bourgeoise à travers le récit d'une relation adultère. Suivent l'adaptation légère, ludique et enthousiaste d'un roman de Raymond Queneau, Zazie dans le métro (1960), Vie privée avec Brigitte Bardot et, sur la suggestion de Roger Nimier, celle d'un récit de Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu follet (1963), qui traite de la dépression et du suicide.

Lous Malle à droite, lors de la remise d'un prix, au Brésil, en 1959.

En 1965, il tourne la comédie western Viva Maria ! avec Brigitte Bardot et Jeanne Moreau.

Le Voleur porte un regard cynique sur la bourgeoisie et les élites politiques, qui restent les cibles favorites de Louis Malle. Le voleur du titre personnifie l'homme libre, extérieur à ce système empli de préjugés et sournois. Une acerbe critique sociale sourd dans la peinture psychologique des personnages.

Malle tourne par ailleurs plusieurs documentaires dont L'Inde fantôme  : réflexions sur un voyage, série documentaire en sept épisodes de 50 minutes, en 1969, ressortie en 2023[10].

Polémique et exil[modifier | modifier le code]

De retour d'Inde, Malle tourne un film vaguement inspiré de Ma mère de Georges Bataille, qui provoque un tollé : Le Souffle au cœur[11]. Il y évoque la relation incestueuse et romantique entre une mère et son fils. Ce thème est traité sans aucun jugement moral, ce qui sera une constante chez le réalisateur pour qui la vie s'apparente à une série de situations complexes. Il n'y a ni innocents ni coupables ou représentants du bien d'un côté et du mal de l'autre. Pour Malle, le spectateur doit être capable de se faire une opinion, sans condamner d'avance.

Trois ans plus tard, en 1974, Lacombe Lucien provoque une autre controverse[12]. Le film décrit le progressif engagement d'un jeune homme désœuvré dans la collaboration après une tentative avortée d'entrer dans la Résistance. Là encore, Malle ne porte aucun jugement, et montre un individu dont l'engagement est essentiellement dû au hasard des circonstances. Même si une partie de la critique salue le film comme un chef-d'œuvre, une autre reproche au réalisateur de ne pas avoir vécu assez durement la guerre et juge son travail comme un affront à la mémoire des Résistants.

Cette polémique décide Malle à s'expatrier aux États-Unis. Il y tourne notamment à La Nouvelle-Orléans un drame sur la prostitution enfantine, La Petite (1978), avec la jeune Brooke Shields, puis part pour Hollywood réaliser Atlantic City (1980), avec Burt Lancaster, Susan Sarandon et Michel Piccoli, qui raconte les mésaventures d'un truand à la retraite et de sa voisine dans la ville des casinos de la côte est des États-Unis.

Consécration[modifier | modifier le code]

Lorsqu'il revient en France en 1987, c'est pour s'attacher au thème qui l'avait fait partir : la guerre et l'Occupation. C'est alors la consécration de sa carrière avec Au revoir les enfants. Dans un collège catholique, un garçon issu de la bourgeoisie découvre qu'un de ses camarades est juif. L'amitié qui se construit entre les deux adolescents ne peut empêcher une fin tragique[13].

Dans ce film, Louis Malle montre ce dont il se souvient de la guerre. L'histoire est en partie autobiographique : il a été témoin d'une situation similaire dans son enfance, celle d'un jeune Juif qui avait été caché dans son internat puis découvert par la Gestapo et déporté. Il dira d'ailleurs que ce thème le hantait depuis toujours et que c'est cette histoire tragique qui l'avait amené au cinéma.

Le film reprend aussi certains éléments de ses précédents films polémiques : de Lacombe Lucien il reprend le collabo « malgré lui », du Souffle au cœur il reprend la relation fusionnelle entre la mère et le fils. Là encore il ne juge personne, il n'y a ni bons ni méchants mais une certaine fatalité. Cette œuvre, marquée par la fluidité de son récit et la sobriété de sa mise en scène, est considérée comme la plus émouvante et la plus personnelle de sa carrière. Elle reçoit un triomphe critique et public et obtient plusieurs récompenses en 1987 et 1988 : le Lion d'or à Venise, le Prix Louis-Delluc et sept Césars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Suivent la comédie Milou en mai puis Fatale et l'adaptation de la pièce d'Anton Tchekhov Vanya, 42e Rue (1994), qui sera son dernier film.

Candice Bergen
Sa seconde épouse Candice Bergen.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Box-office[modifier | modifier le code]

[14]
Film Année Drapeau de la France France Drapeau des États-Unis États-Unis Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Le Monde du silence 1955 4 640 159 entrées
Au revoir les enfants 1987 3 488 460 entrées 1 158 000 entrées 456 420 entrées
Viva Maria ! 1965 3 450 559 entrées
Le Souffle au cœur 1971 2 652 870 entrées
Les Amants 1958 2 596 556 entrées
Ascenseur pour l'échafaud 1958 1 905 253 entrées
Vie privée 1962 1 879 668 entrées
Lacombe Lucien 1974 1 744 218 entrées
La Petite 1978 1 448 335 entrées 2 483 000 entrées 600 000 entrées
Milou en mai 1990 1 293 118 entrées
Le Voleur 1967 1 225 555 entrées
Histoires extraordinaires 1968 946 137 entrées
Zazie dans le métro 1960 854 495 entrées
Fatale 1992 775 693 entrées 1 815 000 entrées 520 927 entrées
Atlantic City 1980 422 230 entrées 4 767 000 entrées
Alamo Bay 1985 142 514 entrées 107 000 entrées
Vanya, 42e Rue 1994 53 721 entrées 430 000 entrées 31 790 entrées

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=malle »
  2. Billard 2003, p. 30
  3. a et b « Béghin », sur thierryprouvost.com (consulté le )
  4. Sciences Po, FNSP 27 rue Saint Guillaume 75007 Paris, « Sciences Po Stories - L'histoire de Sciences Po : la frise, les récits, les portraits et la carte », sur Sciences Po stories (consulté le ).
  5. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  6. « Actualités 30 ans de La Fémis en 2016 », sur femis.fr (consulté le ).
  7. Marie-Dominique Lelièvre, « La dernière favorite de Coco », Vanity Fair no 12, juin 2014, pages 148-159.
  8. Find a grave
  9. L’idée de faire appel à Miles Davis venait de Jean-Paul Rappeneau, l’assistant de Louis Malle à l’époque. Elle pourrait lui avoir été inspirée par la parution, quelques mois auparavant, du film Sait-on jamais... de Roger Vadim, dont la musique avait été composée par John Lewis du Modern Jazz Quartet. Louis Malle fut séduit par l’idée et en particulier par la possibilité, qui lui paraissait alors inédite, d’utiliser pour son film une musique totalement improvisée. Il apprit cependant plus tard que Django Reinhardt avait déjà eu recours à ce procédé pour les bandes originales d’un certain nombre de courts métrages (voir John Szwed, So What: The Life of Miles Davis, New York, Simon & Schuster Paperbacks, 2004 (première édition, 2002, p. 152-153)
  10. Laura Tuillier, « Documentaire. Louis Malle, un radeau d’images pour traverser le tourbillon indien », Libération,‎ (lire en ligne)
  11. Billard 2003, p. 310
  12. Jean-Baptiste Morain, « LACOMBE LUCIEN », sur lesinrocks.com (consulté le ).
  13. Billard 2003, p. 462
  14. « Louis Malle (Réalisateur français) - JPBox-Office », sur jpbox-office.com (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]