Laugier d'Agoult

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Laugier d'Agoult
Fonction
Évêque d'Apt
Biographie
Décès
Après Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Famille
Mère
Gisèle de Nice (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Alfant (oncle)Voir et modifier les données sur Wikidata

Laugier d'Agoult est un évêque d'Apt de la première moitié du XIIe siècle, issu de la famille d'Agoult.

Biographie[modifier | modifier le code]

Laugier, selon la forme méridionale, dans la documentation médiévale Laugerius, Leodegarius et traduit également Léger, est considéré comme l'un des plus grands évêques d'Apt. Au cours de son épiscopat, il fait d'importantes donations aux abbayes de Cluny et de Saint-Victor de Marseille[1]. Bienfaiteur insigne de son diocèse, auquel il attribue une grande partie de ses biens, il dote aussi la mense de son Chapitre cathédral[1].

Origines[modifier | modifier le code]

Blason des Agoult : D'or au loup rampant.

Laugier est le fils de Rostain/Rostang Ier, fils de Guilhem [I] d'Agoult, et de Gisla/Gisle [de Nice-Orange], fille de Raimbaud de Nice[2],[3],[4].

La famille d'Agoult possède une partie de la cité d'Apt et sa région, ainsi que l'épiscopat[2]. Laugier est en effet le neveu d'Alfant, évêque d'Apt depuis 1048[2],[5].

Épiscopat[modifier | modifier le code]

L'année où débute son épiscopat n'est pas connue. La Gallia christiana novissima (GCN) indique l'année 1103, année durant laquelle il aurait fait une donnation à l'abbaye de Cluny[1]. Toutefois, l'auteur précise que cet acte est absent du recueil clunisien[1].

Le médiéviste Florian Mazel (2000) relève « que le début et la fin de l'épiscopat de Laugier ne peuvent être déterminés avec exactitude compte tenu des lacunes des sources dont nous disposons. »[5]

Il est aux côtés du comte Bertrand de Toulouse, en lutte avec le pape Pascal II, lors de l'attaque de l'abbaye de Saint-Gilles, en 1108[2]. Son engagement lui vaut des lettres de reproches[1].

Un des prélats de la première croisade ?[modifier | modifier le code]

Raymond d'Aguilers, dans sa chronique dédiée à la première croisade, cite, sans donner de nom un évêque d'Apt aux côtés de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse et d'Adhémar de Monteil, évêque du Puy et légat pontifical. Les commentateurs du Cartulaire de l'Église d’Apt — Noël Didier, Henri Dubled, Jean Barruol (1967) — soulignent que l'hypothèse selon laquelle il s'agirait de Laugier semble vraisemblable[6]. Les auteurs de la Gallia christiana novissima n'évoquent pas cette hypothèse dans la notice dédiée à Laugier, mais dans celle son hypothétique prédécesseur, Isoard[7].

Le Voile de Sainte-Anne pourrait ainsi avoir été rapporté par Laugier en tant que trophée pris sur les mahométans[8].

L'organisateur de la protection militaire d'Apt[modifier | modifier le code]

En 1113, Laugier, par un acte solennel rédigé en présence de tout son clergé et des nobles du pays d'Apt, confirma l'appartenance des châteaux de Saignon à son Église. Dénommés la Roche, Méjanne ou Tartamolle et Grugières, ces châteaux installés au sommet du fameux Rocher, commandaient et contrôlaient la cité julienne[9].

L'évêque, premier seigneur féodal[modifier | modifier le code]

Le rocher de Saignon où furent construits les châteaux de la Roche, Tartamolle et Grugières

Vers 1120, les trois châteaux de Saignon furent inféodés par Laugier après hommage à sa parentèle de la maison d'Agoult-Simiane. Au cours de l'automne de cette même année, l'évêque remit en fief son château de Clermont, au-dessus d'Apt, à ses neveux Guirand, Bertrand et Rostaing qui lui jurèrent fidélité. Deux ans plus tard, en échange de leur hommage, Laugier céda à ses trois neveux la moitié du château de Gordes, dans le diocèse de Cavaillon, ainsi que la Grande Tour d'Apt en y ajoutant une partie de la cité contre 500 sous melgoriens[10].

La restructuration des églises du diocèse[modifier | modifier le code]

Entre 1117 et 1122, l'évêque Laugier et Rodolphe, abbé de Saint-Victor, s'échangèrent un certain nombre d'églises à Céreste, à Gargas et à Bonnieux avec leurs terres (cultes ou incultes), leurs vignes, leurs vergers et leurs eaux. Ils se réservaient seulement les droits et les cens de celles-ci.

La création des canonicats ruraux[modifier | modifier le code]

Vers 1122-1125, Laugier donne à Notre-Dame d'Apt et à son chapitre cathédral[11] les églises rurales de son diocèse : Croagnes[12], Saint-Saturnin-lès-Apt, Caseneuve, Gignac, Simiane, Montsalier, Banon et Villars. En contrepartie, un ou deux chanoines devaient résider sur place et aider le curé de la paroisse dans son ministère. L'évêque se réservait le quart des dîmes, le droit de synode, les droits d'hospice et la justice.

Mort et succession[modifier | modifier le code]

La date de fin de son épiscopat serait à placer après 1122[13].

Vers la fin de sa vie, après 1122, en tant que chef du lignage, il fait de ses neveux, fils de Raimbaud I, ses héritiers[14].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Laugier d'Agoult est à l'origine du recueil des actes du Cartulaire dont l'original fut conservé jusqu'en 1773 sous le titre Custodite sicut scitis.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e GCN, p. 223.
  2. a b c et d Magnani, 1999, p. 81-82.
  3. Marie-Pierre Estienne, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies Xe – XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 287 p. (ISBN 978-2-82182-761-5, lire en ligne), p. 36. ([PDF] lire en ligne).
  4. Jean-Hervé Foulon, Mariacristina Varano, « Réforme et épiscopat en Provence. Étude comparée des cas de Gap et de Sisteron au milieu du XIe siècle », Cahiers de Fanjeaux, no 48,‎ , p. 311-342, dont page 319 (lire en ligne).
  5. a et b Mazel, 2000, p. 51.
  6. Noël Didier, Henri Dubled, Jean Barruol, Cartulaire de l'église d'Apt (835-1130 ?). Édition avec introduction, commentaire et notes, Paris, Dalloz, coll. « Essais et travaux (Faculté de Droit de l’Université de Grenoble) », , 312 p., p. 21.
  7. GCN, p. 221.
  8. Le Voile dit de sainte Anne est une étoffe caractéristique de l'art fâtimide. Il fut tissé à Damiette en 1096 ou 1097 et porte brodé le nom du calife Musta'li. Cf. G. Barruol, Provence Romane II, Éd. Zodiaque, la Pierre qui Vire, 1981.
  9. Au cours de l'année 1113, Tartamolle avait été cédé à l'évêque par son cousin Rambaud de Nice et Grugières avait été racheté par Laugier pour 1 200 sous melgoriens.
  10. Cette Grande Tour d'Apt avait été édifiée au XIe siècle par la famille des Agoult-Simiane. Elle se situait près de l'évêché où se trouvent actuellement la mairie et la sous-préfecture. La partie d'Apt cédée par l'évêque à ses neveux correspondait au quartier Saint-Pierre.
  11. Mazel, 2000, p. 58.
  12. Croagnes était une ancienne villa gallo-romaine puis carolingienne. C'est aujourd'hui un hameau de Saint-Saturnin-lès-Apt.
  13. Mazel, 2000, p. 56.
  14. Mazel, 2000, p. 57.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph-Hyacinthe Albanès, complété, annoté et publié par le chanoine Ulysse Chevalier, Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France d'après les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican et les archives locales — Tome premier : Aix, Apt, Fréjus, Gap, Riez et Sisteron, Montbéliard, 1899-1920 (lire en ligne), p. 223-225.
  • N. Didier, H. Dubled, J. Barruol, Cartulaire de l'Église d'Apt, (835-1130), Librairie Dalloz, Paris, 1967.
  • Eliana Magnani, Monastères et aristocratie en Provence - milieu Xe - début XIIe siècle, vol. 10, Lit Verlag, coll. « Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Leben im Mittelalter », , 610 p. (ISBN 3-8258-3663-0, lire en ligne).
  • Florian Mazel, « Réforme de l'Église et domination urbaine : aux origines de l'hégémonie des Agoult-Simiane en pays d'Apt (XIe – XIIe siècles av. J.-C. », Religion et société urbaine au Moyen-Age, Publications de la Sorbonne,‎ , p. 43-68 (ISBN 2859443924, lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]