Guillaume Ier de Genève

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Guillaume Ier de Genève
Titres de noblesse
Comte de Genève
-
Prédécesseur
Successeur
Comte (canton de Vaud)
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Activité
LordVoir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Mère
Mathilde de Cuiseaux (d) (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Amédée de Genève (d)
Béatrice de Genève (d)
Comtesson de Genève (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Agnès de Savoie (d) (jusqu'en )
Béatrice de Faucigny (d) (après )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Blason

Guillaume Ier de Genève, né vers 1132 et décédé le , est comte de Genève[Note 1] de 1178 à 1195, à la suite de son père Amédée Ier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Guillaume (Willelmi/Guillelmus) serait né aux alentours dans la première partie du XIIe siècle. Le site de généalogie Foundation for Medieval Genealogy (FMG) donne pour période [1131/37][2].

Il est le fils du comte de Genève Amédée Ier et de Mathilde[3]. Sur l'origine de Mathilde, l'historien spécialisé du comté de Genève, Pierre Duparc, relève « [qu'] on ignore l'origine », annotant qu'elle était peut-être issue de la famille de Neuchâtel[4]. Certains auteurs, comme Michel Germain, donnent Mathilde de Gex, fille de Ponce, de Cuiseaux[5]. Le site FMG donne Mathilde de Cuiseaux, fille d'Hugues Ier de Cuiseaux (le frère du précédent), seigneur de Clairvaux[3].

Son père se remarie. Il a pour sœur, « Comtesson » ou « la comtesse » de Genève (1155-?), qui épouse le seigneur Henri de Faucigny[4],[6], et pour frère Amédée, à l'origine de la branche de Gex (apanage de Gex)[1],[4].

Règne[modifier | modifier le code]

Guillaume de Genève (Willelmus…Gebennensis comes) succède à son père en et est connu sous le nom de Guillaume Ier[7]. Il rend hommage, deux mois plus tard, à l'abbé de Saint-Maurice d'Agaune pour des possessions relevant de la juridiction de l'abbaye, notamment les châteaux de Chaumont, La Roche en Genevois et celui de Hauteville, pour la moitié, situé dans l'Albanais[8],[ReG 1].

Conflits avec l'évêque de Genève[modifier | modifier le code]

Entre son couronnement et l'année suivante, le comte Guillaume semble engager dans une lutte pour affirmer son pouvoir, sans que l'on ne sache vraiment qu'elles en sont les origines mais dont on trouve la mention dans une charte de fondation[9],[ReG 2]. Durant ce conflit, le château de La Roche-sur-Foron, où ont trouvé refuge la femme et le fils du comte, est assiégé « par une armée de seigneurs voisins », dont peut être Amédée de Nangy[8],[10],[11],[12]. Le seigneur de Nangy était l'exécuteur testamentaire de son père[11]. Soutenu par les chartreux dans ses actions, il produit, à cette occasion du siège de la ville, un acte faisant une large donation à la chartreuse de Pomier[8],[9],[ReG 2],[12].

Tout comme son père, il cherche à recouvrer ses droits sur les villes épiscopales de Genève et de Lausanne, perdus en partie sous le règne du comte Aymon Ier et l'accord de Seyssel de 1124[7],[13],[ReG 1]. Le comte fait construire ainsi une muraille à Genève en dehors de sa juridiction ou rend justice hors du cadre prévu par le traité[13]. L'évêque de Genève, Ardutius de Faucigny, ne tarde pas à l'excommunier et mettre en interdit les terres comtales[13].

Ce conflit aboutit, le , à une bulle proclamée par le pape Lucius III, contre les comtes de Genève[13],[ReG 3]. L'acte juridique papal est suivi par nouvel arbitrage rendu en 1184, dans la ville d'Aix, par l'archevêque de Vienne, Robert de La Tour du Pin, et l'abbé de Bonnevaux, dans le Dauphiné, Hugues[13],[ReG 4]. Le comte s'engage à respecter les décisions qui seront prises lors de cette arbitrage[ReG 4]. Le cadre reprend les grandes lignes de Seysel[7],[ReG 4]. Une bulle du pape Urbain III confirme l'acte l'année suivante[ReG 5].

Cependant le comte Guillaume refuse la sentence et tente de reprendre ses droits[7]. L'empereur empereur, Frédéric Barberousse doit intervenir et le met au ban de l'Empire en 1186[7],[14],[15],[ReG 6]. Cette sanction équivaut à la perte de l'ensemble des droits du comte[7]. Il doit également, en vertu de la sentence impériale de 1162[15],[ReG 7], verser une somme à l'évêque de Genève[15],[ReG 6]. Ardutius de Faucigny, décédé en 1185, fut remplacé peu avant par Nantelme[15]. Ce dernier, régulièrement à la cour de l'Empereur, profite de cet avantage pour affirmer son pouvoir[15].

En 1192, en lien avec son implantation en pays de Vaud, il se qualifie dans un acte comte de Genève et de Vaud (Gebennensium et Valdensium comes)[14],[16],[ReG 8]. Il conserve d'ailleurs des droits en pays de Vaud et dans le comté de Genève, tandis que l'évêque garde la cité et trois mandements autour[16].

Politique religieuse[modifier | modifier le code]

Guillaume Ier mène, tout comme ses prédécesseurs, une politique qui le place dans le parti des guelfes[7]. Toutefois, cela ne l'empêche pas de soutenir les établissements monastiques sur ses terres ou les environs.

Le comte Guillaume en compagnie de son fils Humbert, à l'issue d'un conflit en début de prise du pouvoir, font une importante donation à la chartreuse de Pomier (paroisse de Présilly, en Genevois), en 1179[9],[ReG 2]. Celle-ci est parfois considérée comme l'acte de fondation de celle-ci[ReG 2]. En 1191, il exempte de redevance les moines de Tamié[ReG 9] et l'année suivante, il fait un don à l'abbaye de Talloires, soit « une part des dîmes sur la vigne et le pré qu'il possède à Annecy, quatre maisons avec leurs casals au même lieu, le droit de faire paître les porcs dans sa forêt du mont Semnoz, enfin tous les droits de seigneurie sur les églises d'Annecy-le-Vieux et d'Annecy-le-Nouveau[ReG 8]. »

Fin de règne et succession[modifier | modifier le code]

Vue du château de Novel.
Le château de Novel, résidence des comtes de Genève dans la ville d'Annecy jusqu'en 1219.

Le comte Guillaume meurt le [ReG 10], au château de Novel à Annecy[17] (Novellas, apud Nansiacum)[ReG 11]. Cette date est calculée à partir d'un acte signé par Nantelme d'Ecublens, chanoine de Lausanne soit avant qu'il ne devienne évêque de Sion avant le , et par Humbert le fils du comte[ReG 10],[ReG 12]. Il est inhumé sous le portique de l'église du couvent de Sainte-Catherine, à proximité de la cité Annecy[ReG 10].

Dans son testament, le comte Guillaume semble avoir légué la protection de l'église de Saint-Michel de Cluses à son vassal et neveu, Guillaume/Willelme de Faucigny[ReG 13].

Famille[modifier | modifier le code]

Le comte Guillaume se marie deux fois[2],[18]. L'historien Pierre Duparc donne pour première épouse, Agnès, puis pour seconde, Béatrice[18],[16],[19]. Il est possible de trouver l'ordre inverse.

La première épouse est Agnès, fille du comte Amédée III de Maurienne et sœur du futur comte Humbert III de Maurienne[2],[18]. Elle meurt au plus tard en 1172[18]. Le couple a un fils, Humbert (« né avant 1174 et mort peu avant 1225 »), qui héritera du comté[2],[18],[16].

Il épouse en secondes noces, Béatrice, qui pourrait être la fille du seigneur Aymon Ier de Faucigny et de Clémence (de Briançon)[2],[18]. De cette union naît un second fils Aimon (né vers 1174 et mort entre 1191 et 1195)[Note 2], une fille, Marguerite ou Béatrice[21] et Guillaume, mentionné à partir de 1205[18]. Ce dernier succèdera à son frère Humbert à la tête du comté en 1220 ou 1224[18].

Un dernier fils, Amédée, est placé dans la fratrie par l'historien Duparc. Dans un acte de l'année 1220, ce dernier est qualifié de frère du comte Guillaume II (frater noster)[ReG 14]. Ce personnage est mentionné comme chanoine de Genève en 1191[ReG 15], puis évêque de Maurienne de 1213 à 1220[18].

Marguerite ou Béatrice épouse, vers 1196, le comte Thomas Ier de Savoie[22],[23],[24]. Les Chroniques de Savoie racontent que le comte de Genève destinait sa fille au roi de France[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'historien Paul Guichonnet rappelle dans son article consacré au « Genève (de) » que la traduction de comes gebennensis est « comte de Genève ». Certains auteurs ont commis l'erreur de parfois le traduire sous la forme « comte de Genevois »[1], notamment le Régeste genevois (1866).
  2. Aimon est mentionné lors de la fondation de la chartreuse de Pomier, selon les preuves de Besson[ReG 2],[20].

Régeste genevois (1866)[modifier | modifier le code]

  1. a et b Acte de l'année 1124 (REG 0/0/1/267).
  2. a b c d et e Acte de l'année 1179 (REG 0/0/1/415).
  3. Acte du (REG 0/0/1/425).
  4. a b et c Acte de l'année 1184 (REG 0/0/1/429).
  5. Acte du (REG 0/0/1/436).
  6. a et b Actes du (REG 0/0/1/437) et du (REG 0/0/1/438).
  7. Acte du (REG 0/0/1/367).
  8. a et b ReG, p. 127, Acte no 456, 1192 (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/456).
  9. ReG, p. 432, Acte no 455 bis, 1191 (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/455 bis).
  10. a b et c ReG, p. 127, Acte no 460, (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/460).
  11. Acte du (REG 0/0/1/493).
  12. ReG, p. 127-128, Acte no 461, sans date (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/461).
  13. ReG, p. 132, Acte no 480, (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/480).
  14. ReG, p. 157, Acte no 580, (présentation en ligne ou version numérique REG 0/0/1/580).
  15. ReG, p. 126, Acte no 454, (lire en ligne ou version numérique REG 0/0/1/454).

Autres références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Paul Guichonnet, « de Genève » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  2. a b c d et e (en) « Guillaume ».
  3. a et b (en) « Amedee I ».
  4. a b et c Duparc, 1978, p. 132 (lire en ligne).
  5. Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3), p. 269.
  6. M. A. Pollock, Scotland, England and France After the Loss of Normandy, 1204-1296 : "Auld Amitie", vol. 3, St Andrews Studies in Scottish History, Woodbridge/Rochester, NY, Boydell & Brewer Ltd, , 288 p. (ISBN 978-1-84383-992-7, lire en ligne), p. 218, note n°283.
  7. a b c d e f et g Histoire de Savoie, 1984, p. 34.
  8. a b et c Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 486 p., p. 101.
  9. a b et c Duparc, 1978, p. 133 (lire en ligne).
  10. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 292.
  11. a et b Nicolas Carrier, Matthieu de La Corbière, Entre Genève et Mont-Blanc au XIVe siècle : enquête et contre-enquête dans le Faucigny delphinal de 1339, Librairie Droz, , 401 p. (ISBN 978-2-88442-019-8, lire en ligne), p. IX.
  12. a et b Chanoine Marie Rannaud (ancien archiprêtre de Saint-Julien), La Chartreuse de Pomier : diocèse d'Annecy (Haute-Savoie) 1170-1793, J. Abry, , 344 p., p. 23.
  13. a b c d et e Duparc, 1978, p. 136 (lire en ligne).
  14. a et b [PDF] Victor van Berchem, « Un conflit d'avouerie au XIIe siècle : Commugny et l'abbaye de Saint-Maurice », Revue d'histoire suisse,‎ , p. 425-447 (lire en ligne).
  15. a b c d et e Duparc, 1978, p. 137-141 (lire en ligne).
  16. a b c et d Histoire de Savoie, 1984, p. 35.
  17. Duparc, 1978, p. 527.
  18. a b c d e f g h et i Duparc, 1978, p. 143-145 (lire en ligne).
  19. Marie-Claud Junod, Monique Droin-Bridel, Olivier Labarte, « Polémiques religieuses. Études et textes », Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, Genève, t. XLVIII,‎ , p. II « Tableau généalogique, très simplifié, pour illustrer les liens de parenté entre les principaux personnages de l'époque » (lire en ligne).
  20. Joseph-Antoine Besson, Mémoires pour l'Histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarentaise, Aoste et Maurienne et du décanat de Savoie, Sébastien Hénault imprimeur, 1759 (copie de l'exemplaire bibliothèque cant. et univ. lausanne) (lire en ligne), p. 73.
  21. « La représentation de la femme dans l'historiographie médiévale savoyarde », La femme dans la société savoyarde. - Actes du XXXIVe congrès des Sociétés savantes de Savoie, à Saint-Jean-de-Maurienne les 5-6 septembre 1992. Réunis par Marthe et Pierre Dompnier, Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne, t. XXVII et XXVIII,‎ , p. 119-128.
  22. Bernard Andenmatten, « Savoie, Thomas Ier de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  23. Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 468.
  24. Thérèse Leguay et Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Paris, Éditions Jean-paul Gisserot, , 128 p. (ISBN 978-2-87747-804-5), p. 27.
  25. Duparc, 1978, p. 145 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Réjane Brondy, Bernard Demotz, Jean-Pierre Leguay, Histoire de Savoie : La Savoie de l'an mil à la Réforme, XIe - début XVIe siècle, Ouest France Université, , 626 p. (ISBN 2-85882-536-X). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe – XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    Actes accessibles en ligne dans le Répertoire chronologique des sources du site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]