Emmanuel de Merode

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Emmanuel de Mérode
Le prince Emmanuel de Merode en 2013.
Titre de noblesse
Prince
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (53 ans)
CarthageVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Emmanuel de MerodeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Emmanuel Werner Marie Ghislain de MerodeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Domiciles
République démocratique du Congo (depuis ), Rumangabo (en) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Famille
Père
Charles de Mérode (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Hedwige de Ligne de la Trémoïlle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Louise Leakey (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Seiyia de Merode (d)
Alexia de Mérode (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Charles-Antoine de Ligne-La Trémoille (oncle)
Jean Charles de Ligne-La Trémoïlle (en) (grand-père)
Werner de Merode (ancêtre)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parc national des Virunga (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Blason

Emmanuel Werner Marie Ghislain de Merode, né le à Carthage en Tunisie, est un anthropologue et primatologue belge, directeur provincial de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) au Nord-Kivu et conservateur du parc national des Virunga en république démocratique du Congo.

Ascendance et famille[modifier | modifier le code]

Le prince Emmanuel Werner Marie Ghislain de Merode est le deuxième fils de Charles Guillaume, prince de Merode, et de son épouse, la princesse Hedwige de Ligne de la Trémoïlle (sœur de Charles-Antoine de Ligne-La Trémoille). Ses parents appartiennent à deux des plus anciennes familles belges. Dans le cadre de ses activités professionnelles, il n'utilise pas le titre de noblesse conféré à sa famille en 1929[1]. Son père réside en France dans le grand château de Serrant, propriété de la famille[2].

Emmanuel de Merode est l'époux, depuis le , de Louise Leakey, paléontologue kényane d'origine britannique, et le père de deux filles, Seiyia Ina (née en 2004) et Alexia Meave (née en 2006)[3].

Carrière[modifier | modifier le code]

Anthropologue de formation, ardent défenseur de la conservation de la nature[4], il a travaillé au contrôle du commerce de la viande de brousse et à la protection de la faune sauvage en Afrique centrale et de l'Est. Sa tâche principale était le support des gardes dans les parcs nationaux difficiles d'accès, principalement ceux de l'est de la république démocratique du Congo, notamment lors des dix années de guerre civile.

Le , il est engagé par le gouvernement congolais comme directeur du Parc national des Virunga[5]. Après avoir prêté serment d'allégeance au drapeau congolais, il devient le seul étranger à exercer des pouvoirs judiciaires durant la guerre qui déchire ce pays d'Afrique centrale. Il réside au siège du parc à Rumangabo (en), en bordure du secteur des gorilles de montagne. Les 680 rangers du parc sont sous son commandement et son travail est focalisé sur la protection de la faune exceptionnelle, qui comprend notamment, outre une importante population de gorilles de montagne, des éléphants, des okapis et des chimpanzés.

Sa première percée a été de négocier un accord entre le gouvernement congolais et le chef rebelle Laurent Nkunda pour épargner le secteur des gorilles de montagne des ravages de la guerre civile et pour permettre aux rangers du gouvernement de se déployer en territoire rebelle[6].

Étant donné le sous-financement récurrent du parc, il a développé un site Web pour récolter des fonds[7]. Cela lui permet d'augmenter le minimum vital que le parc reçoit de l'Union européenne. Son travail inclut aussi la promotion de la briquette de biomasse pour remplacer le charbon de bois dont la production détruit la forêt[8].

Lors de sa prestation de serment, Merode déclare « L'intensité du conflit dans et autour du parc en fait un défi de taille, mais c'est un grand privilège de travailler de pair avec une équipe aussi dévouée et courageuse de gardes. J'ai une réelle confiance dans notre capacité à assurer un avenir pour le parc afin de garantir qu'il apporte une contribution positive à la vie de la population du Nord-Kivu. ». La mission qui lui est confiée n'est pas sans risques. Pilote, Emmanuel de Mérode s'envole régulièrement vers des sites d'exploitation forestière illégale ; il partage le quotidien de ses gardes et dort sous la tente comme eux. 206 gardes du parc national des Virunga ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions lors de conflits avec les groupes armés entre 1998 et 2022 [9] , [10].

Il présente son travail et celui des gardes des Virunga à Genève le 13 octobre 2011, lors d'une conférence TEDxWWF intitulée A story of conflict, renewal and hope (« Histoire d'un conflit, renouveau et espoir »)[11]. Sous sa direction, le parc des Virunga a été rouvert au tourisme en 2014[12]. Les activités touristiques sont cependant fortement encadrées et limitées à des groupes de six personnes. Le port du masque est obligatoire pour s'approcher des gorilles, car, selon les dires de l’organisation WWF, ceux-ci sont très sensibles aux virus[13].

Tentative d'assassinat[modifier | modifier le code]

Alors qu'il venait de remettre un rapport au procureur de la République à Goma sur les activités illégales de Soco International[note 1], Emmanuel de Merode est gravement blessé par balles dans une embuscade sur la route entre Goma et Rumangabo le [14]. Il réussit toutefois à échapper à ses agresseurs et parvient avec l'aide de deux motards à gagner l'hôpital[15]. Didier Reynders, ministre fédéral des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes de Belgique[16] et la représentation de l'Union européenne en RDC ont fermement condamné cette attaque[17].

Trois pistes sont identifiées : les braconniers, les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui exploitent le charbon de bois, ou le groupe pétrolier Soco International[18], qui dément toute implication sur son site internet[19].

Son état de santé le permettant, Emmanuel de Merode est transféré le , par avion médicalisé, vers Nairobi au Kenya pour sa revalidation physique auprès de sa famille[20]. Le jeudi 22 mai 2014, il a annoncé son retour à la tête du parc lors d'une conférence de presse au siège de l’ICCN à Rumangabo[21]. Il fit ensuite une tournée de tous les postes au sein du parc, assurant tous ses collaborateurs de sa détermination de continuer le travail de conservation et de développement du parc national.

Titulature[modifier | modifier le code]

  • Prince de Mérode, depuis sa naissance et second fils du prince de Merode-Westerloo, chef de la Maison de Merode
Blason des princes de Merode
Blason des princes de Merode

Décorations[modifier | modifier le code]

Honneurs académiques[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Protected areas and local livelihoods : contrasting systems of wildlife management in the Democratic Republic of Congo (thèse de doctorat), Londres, Emmanuel de Merode, , manuscrit (OCLC 53571246).
  • Emmanuel de Merode est aussi l'auteur de 14 articles scientifiques.
  • Marc Languy et Emmanuel de Merode, Parc National des Virunga : Survie du premier parc d'Afrique, Racine Lannoo, , 352 p. (ISBN 978-9-0209-6561-2).
  • (en) Emmanuel de Merode et Marc Languy, Virunga : The Survival of Africa's First National Park, Tielt, Lanoo, , 350 p. (ISBN 978-90-209-6562-9 et 9-020965-62-X, OCLC 320201131).
  • Albéric Lwanzo Vake, Aires protégées et sécurité alimentaire des populations riveraines : Cas du Parc National des Virunga en République Démocratique du Congo, Univ. Européenne, , 80 p. (ISBN 978-6-1315-8247-9).
  • Collectif, Patricia Van Schuylenbergh et Han De Koeijer, Virunga, archives et collections d'un parc national d'exception, Afrikamuseum Te Éditions, , 190 p. (ISBN 978-9-4926-6904-9).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En 2012, la pétrolière britannique Soco International avait obtenu, en contravention avec les engagements internationaux de la RDC, la permission de réaliser des prospections à l'intérieur du parc et ses agents avaient été filmés en train d'offrir de grosses sommes d'argent à des gardiens pour les inciter à travailler pour eux, ainsi que le révèle le documentaire Virunga réalisé durant cette période.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Hueck, Walter von, ed. (1991). Genealogisches Handbuch des Adels Fürstliche Häuser Band XIV (en allemand). Limburg an der Lahn: C. A. Starke.
  2. « Maine-et-Loire - Leurs vies de château : Serrant, conte de femmes, pas de fées… (3/6) », sur Angers Mag - information, actualités… (consulté le ).
  3. Paul Theroff, « Paul Theroff’s Royal Genealogy Site » [html], Section II, Mérode, sur angelfire.com, Angelfire (consulté le ) : « Mérode, partie 2, no 2g ».
  4. (nl) « Berggorilla's Prins De Merode in handen rebellen Congo », sur hln.be, (consulté le ).
  5. (en) Nick Wadhams, « Belgian Named New Warden of Troubled Gorilla Park », sur National Geographic News, (consulté le ).
  6. (en) Mark Jenkins, « Gorillas vs. Guerrillas : In chaotic Congo, one man is working with lawless rebel forces to save a species », sur National geographic Adventure, (consulté le ).
  7. (en) « The official site of Virunga National Park, Republic Democratic of Congo ».
  8. Xavier Dufail, « RDC : la briquette biomasse pour sauvegarder les forêts et parcs du Kivu », sur Réseau international d'accès aux énergies durables, .
  9. (en) « Belgian chief warden of DRC national park wounded in gun attack », sur The Guardian, (consulté le ).
  10. [vidéo] TV5 Monde, Parc des Virunga : la plus grande biodiversité du continent menacée sur YouTube, (consulté le )
  11. (en) « One Planet Living », sur TED, (consulté le ).
  12. (en) Elaisha Stokes, « Virunga is open, ready for business », (consulté le ).
  13. Flore Olive, « Les animaux, nous les aimons, sauvons-les : le gorille », Paris Match, 17 mai 2020.
  14. « Emmanuel de Mérode, le directeur du parc des Virunga, blessé dans une attaque », sur Le Soir, (consulté le ).
  15. (en) Jeffrey Gettleman, Oil Dispute Takes a Page From Congo’s Bloody Past, The New York Times, 15 novembre 2014.
  16. « Didier Reynders condamne l’attaque lâche contre Emmanuel de Merode en RDC », sur diplomatie.belgium.be, (consulté le ).
  17. « RDC: l’UE condamne l'embuscade menée contre Emmanuel de Merode », sur RFI : Les Voix du monde, (consulté le ).
  18. Cyril Bensimon, « Un attentat vise le directeur du parc congolais des Virunga », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  19. (en) SOCO International plc, « SOCO Statement on Attack on Emmanuel De Merode »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), .
  20. Source : agence Belga, « Emmanuel de Mérode transféré par vol médical au Kenya pour sa revalidation », La Libre Belgique, Bruxelles, La Libre Belgique S.A. d'Informations et de Productions Multimédia, actu, International,‎ (ISSN 1379-6992, OCLC 723949059, lire en ligne [html])
  21. « RDC : le directeur du parc des Virunga de retour au Nord-Kivu », Metro,‎ (lire en ligne)
  22. Bulletin trimestriel publié par l'Association de la noblesse du royaume de Belgique, no 284, octobre 2015.
  23. (nl) « Eredoctoraat voor Emmanuel de Merode », [28 mai 2015], sur uhasselt.be (consulté le 17 mars 2021)
  24. (en) « Stony Brook to Confer Honorary Degree to Actor & Philanthropist, Michael J. Fox - Also to Honor Arthur F. Kramer, Prince Emmanuel de Merode... », sur newswise.com (consulté le 17 mars 2021)

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]