Baudouin Ier de Jérusalem

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Baudouin Ier de Jérusalem
Illustration.
Baudouin Ier par Merry-Joseph Blondel.
Salles des Croisades, château de Versailles.
Titre
Roi de Jérusalem

(17 ans, 3 mois et 8 jours)
Couronnement en la basilique de la Nativité de Bethléem
Prédécesseur Godefroy de Bouillon
(avoué du Saint-Sépulcre)
Successeur Baudouin II de Jérusalem
Comte d'Édesse

(2 ans)
Prédécesseur Thoros d'Édesse
Successeur Baudouin II de Jérusalem
Biographie
Dynastie Maison de Flandre
Nom de naissance Baudouin Ier de Boulogne
Date de naissance vers 1061-1070
Date de décès
Lieu de décès El-Arich
Père Eustache II de Boulogne
Mère Ide de Boulogne
Fratrie Ide de Boulogne
Eustache III
Godefroy
Conjoint

Baudouin Ier de Jérusalem

Baudouin de Boulogne, né entre 1061 et 1070, est le troisième fils d'Eustache II, comte de Boulogne, et d'Ide de Lorraine. Il participe à la première croisade de 1096, à la suite de laquelle il devient comte d'Édesse de 1098 à 1100, puis premier roi de Jérusalem sous le nom de Baudouin Ier de 1100 à sa mort le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Avant la croisade[modifier | modifier le code]

Fils du comte Eustache II de Boulogne et d'Ide de Lorraine, Baudouin naît entre 1061 et 1070[1]. Il a deux frères aînés : Eustache III de Boulogne, destiné à recueillir l'héritage paternel, et Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lorraine, destiné à recueillir l'héritage maternel. À l'exemple de beaucoup de cadets, Baudouin est destiné à suivre une carrière ecclésiastique[2]. Il suit une formation dans les arts libéraux et exerce la fonction de chanoine à Reims, Cambrai et Liège[1]. Mais, pour des raisons mal connues, il abandonne cette voie pour celle des armes. Il épouse Godehilde, fille du seigneur anglo-normand Raoul II de Tosny, dont il espère l'héritage[1]. En 1096, suivant ses deux frères aînés, il prend part à la première croisade et tente sa chance en Orient[1].

Comte d'Édesse[modifier | modifier le code]

Route de Baudouin de Boulogne, de Boulogne-sur-Mer à Édesse.

Il accompagne ses deux frères dans la croisade, jusqu'à l'arrivée de celle-ci devant Antioche en . Après avoir vainement tenté de conquérir la Cilicie au côté de Tancrède de Hauteville, il abandonne les croisés pour chercher fortune à Édesse[3]. Alors que Baudouin vient de capturer Turbessel, le seigneur arménien d'Édesse, Thoros, l'invite à titre de mercenaire pour défendre sa cité contre les incursions turques[4]. Baudouin de Boulogne répond à l'appel de Thoros mais impose ses conditions : il oblige Thoros à l'adopter comme fils adoptif et héritier[5]. Le , peu après la cérémonie d'adoption, Thoros trouve la mort au cours d'une émeute, peut-être avec la complicité de Baudouin, qui devient alors comte d'Édesse[5],[6].

Godehilde de Tosny étant morte en [1], Baudouin épouse une princesse arménienne, Arda, afin d'asseoir sa légitimité[7]. Il réprime par la suite une rébellion de notables arméniens mécontents, auxquels il fait crever les yeux à la manière byzantine[7]. Il repousse efficacement les Turcs, agrandissant ses domaines jusqu'aux rives de l'Euphrate. Avec le trésor dont il s'est emparé à Édesse, Baudouin achète l'émirat de Samosate pour dix mille besants d'or[6]. Il s'empare de Saruj et de Birecik puis résiste pendant trois semaines aux assauts de Kerbogha, atabey de Mossoul, en [8]. Il songe à s'étendre vers le Dyarbekir lorsqu'il apprend, en , la mort de son frère Godefroy. Avec une escorte de deux cents chevaliers et de sept cents fantassins, il part recueillir la succession de Jérusalem, confiant le comté d'Édesse à son cousin Baudouin du Bourg[9].

Roi de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Après s'être frayé un chemin par les armes jusqu'à Jérusalem, Baudouin entreprend une chevauchée militaire en Judée afin d'établir son autorité[10]. Il est ensuite couronné roi de Jérusalem par le patriarche Daimbert de Pise le en la basilique de la Nativité de Bethléem[10].

Miniature médiévale illustrant la victoire croisée à Ramla en 1105.

Le jeune royaume de Jérusalem ne possède alors qu'un seul port, Jaffa, les autres ports de Palestine étant tenus par les Fatimides d'Égypte. C'est un grave problème pour une colonie qui ne peut communiquer avec le reste de la chrétienté que par la mer. La première tâche de Baudouin est donc de s'assurer le contrôle du littoral. Avec une petite armée, il prend successivement les ports d'Arsouf et de Césarée en [11]. Opposé à un fort contigent égyptien devant Ramla, il harangue ses troupes en ces termes : « Si vous êtes tués, c’est la couronne du martyre ; si vous êtes vainqueurs, une gloire immortelle. Quant à vouloir fuir, inutile : la France est trop loin ![11] » Les troupes musulmanes sont mises en déroute et forcées de se retirer à Ascalon[12]. L'année suivante, vaincu puis assiégé dans la ville de Ramla, Baudouin échappe miraculeusement à ses poursuivants et parvient à rallier Arsouf, puis Jaffa[13]. Renforcé par Hugues de Saint-Omer, il reprend l'offensive et remporte fin une victoire sur les Égyptiens entre Jaffa et Ascalon[14]. En , appuyé par une escadre génoise, il s'empare de Saint-Jean-d'Acre[14]. L'été suivant, il remporte une troisième bataille à Ramla contre une coalition des Égyptiens et des Damasquins[1].

Le roi Sigurd et le roi Baudouin. Illustration de Gerhard Munthe.

Baudouin profite de la présence ponctuelle de flottes alliées pour reprendre aux Égyptiens l'ensemble du littoral palestinien. Il s'empare de Beyrouth en avec l'aide de navires génois et pisans[15]. En décembre, c'est l'appui de la flotte du roi Sigurd de Norvège qui lui permet de capturer Sidon[15]. Au cours de l'automne 1115, après une incursion à l'est du Jourdain, Baudouin fait construire le Krak de Montréal[16]. L'année suivante, en 1116, Baudouin poursuit son avancée plus au sud et s'empare d'Eilat dans le golfe d'Aqaba, qu'il fait fortifier[16]. Il marche ensuite contre Tyr et fait ériger le château de Scandélion afin de compléter l'encerclement de la ville[17]. En même temps, il doit faire face à plusieurs contre-attaques fatimides et abbassides.

La mort de Baudouin en 1118. Illustration de Gustave Doré.

En 1113, Baudouin répudie son épouse Arda en la jetant dans un couvent pour épouser Adélaïde de Sicile, veuve du comte Roger de Sicile. Ce mariage lui apporte une dot considérable pour remplir le trésor, et l'appui précieux de la flotte sicilienne. Néanmoins, le divorce d'avec sa première femme n'ayant jamais été proclamé par l'Église, Baudouin est accusé de bigamie. Il consent à se séparer d'Adélaïde en 1117 sous la pression du Saint-Siège, mais uniquement après avoir dépensé sa dot. Baudouin meurt peu après, le [18], en évitant par cette dernière séparation de mourir excommunié.

Dans l'église du Saint-Sépulcre, on voyait autrefois les tombeaux de Godefroy de Bouillon et de Baudouin Ier de Jérusalem[19], mais après l'incendie de 1808 de la basilique, ils sont détruits par l'architecte pour aménager plusieurs chapelles. Selon une tradition, ces tombeaux étaient placés sous la Pierre de l'Onction. Une autre tradition les plaçait sous les deux bancs attenant à la chapelle d'Adam sous le calvaire[20],[21].

Bilan[modifier | modifier le code]

En comparaison de son frère Godefroy de Bouillon, René Grousset admet que Baudouin « ne fut certes pas un saint ». L'historien porte néanmoins à son crédit une œuvre politique considérable : la fondation du royaume latin de Jérusalem. Sachant allier les qualités de l'aventurier à ceux de l'homme d'État, Baudouin construisit une « solide monarchie militaire » que Grousset compare aux monarchies capétienne, anglo-normande et germanique[22]. Steven Runciman le décrit quant à lui comme un « grand roi, sévère et sans scrupules », qui « par sa vigueur martiale, sa subtilité diplomatique et sa sage tolérance », permit au jeune royaume de prendre une solide place parmi les royaumes d'Orient[23].

Michel Balard le décrit également comme le « vrai constructeur du royaume de Jérusalem ». Il le loue comme un « guerrier infatigable, doté d'une énergie peu commune », mais aussi comme un « calculateur violent et sans scrupules ». Il note par ailleurs que, malgré trois mariages sucessifs, il n'eut aucun héritier et ne se préoccupât guère de sa succession[1].

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Michel Balard, Les Croisades, Paris, MA Éditions, (lire en ligne), p. 69-70.
  2. Grousset 2023, p. 61.
  3. Grousset 2023, p. 62.
  4. Runciman 1987a, p. 203.
  5. a et b Grousset 2023, p. 63.
  6. a et b Runciman 1987a, p. 208.
  7. a et b Grousset 2023, p. 64.
  8. Runciman 1987a, p. 210.
  9. Runciman 1987a, p. 322.
  10. a et b Grousset 2023, p. 68.
  11. a et b Grousset 2023, p. 70.
  12. Grousset 2023, p. 71.
  13. Grousset 2023, p. 72.
  14. a et b Grousset 2023, p. 73.
  15. a et b Grousset 2023, p. 75.
  16. a et b Runciman 1987b, p. 98.
  17. Runciman 1987b, p. 99.
  18. Grousset 2023, p. 109.
  19. « Plan du Saint Sepulchre de nôtre seig. Jesus-Christ situé en la terre sainte sur le Mont calvaire dans la cité de Jerusalem », sur Gallica, (consulté le ).
  20. Alexis-Guillaume-Charles-Prosper baron de Hody, Description des tombeaux de Godefroid de Bouillon et des rois latins de Jérusalem, jadis existant dans l'église du Saint-Sépulcre ou de la Résurrection, H. Goemaere, .
  21. Vincent Meylan, « L'énigme des tombeaux des Rois des Croisades », Point de Vue,‎ , p. 64.
  22. Grousset 2023, p. 110-111.
  23. Runciman 1987b, p. 106.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]