Aymon de Savoie

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Aymon de Savoie
Illustration.
Gisant d'Aymon avec son épouse Yolande dans l'abbaye d'Hautecombe.
Titre
Comte de Savoie

(13 ans, 7 mois et 20 jours)
Prédécesseur Édouard Ier
Successeur Amédée VI
Biographie
Dynastie Maison de Savoie
Nom de naissance Aymon de Savoie
Date de naissance
Lieu de naissance Bourg-en-Bresse (Savoie)
Date de décès (à 51 ans)
Lieu de décès Rossillon (Bugey)
Sépulture Abbaye d'Hautecombe
Père Amédée V de Savoie
Mère Sibylle de Baugé
Conjoint Yolande de Montferrat
Enfants Amédée
Blanche
Jean
Catherine
Louis
Humbert (bâtard)
Héritier Amédée VI de Savoie (son fils)
(1329-1343)
Religion Catholique

Aymon de Savoie
Comtes de Savoie

Aymon de Savoie, dit « le Pacifique », né à Bourg-en-Bresse le et mort à Rossillon le , est comte de Savoie, de Maurienne et duc d'Aoste (1329-1343).

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Aymon est né le , à Bourg-en-Bresse[1].

Fils cadet du comte Amédée V de Savoie et de Sibylle de Baugé[1], il reçoit une formation ecclésiastique et exerce la charge de chanoine du chapitre de Lyon sans être prêtre. Il se trouve à Avignon, auprès du pape Jean XXII, lorsqu'il apprend sa nouvelle destinée.

Règne[modifier | modifier le code]

Aymon, soutenu par les États Généraux de Savoie qui avaient déclaré « que les États de Savoie ne tombaient pas de lance en quenouille » s'oppose à sa nièce Jeanne fille unique d'Édouard Ier et épouse du duc Jean III de Bretagne qui revendique le comté[2]. Il passe les premières années de son règne à combattre le Dauphin Guigues VIII de Viennois partisan de sa nièce. Après la mort de Guigues VIII en 1333 Aymon signe avec le nouveau Dauphin, Humbert II de Viennois, le traité de Chapareillan de 1334, dans lequel il reconnaît le Rhône comme frontière entre les États de Savoie et le Dauphiné septentrional. Par l'entremise du roi de France le un accord est également conclu avec Jeanne qui abandonne ses droits contre une rente de 6.000 livres tournois. Ces traités apportent une période de paix qui vaut à Aymon le surnom de « Pacifique ».

Il crée les Assises générales de Savoie, qu'il préside lui-même et qui ont lieu en mai de chaque année. Le il établit à Chambéry une cour permanente de justice qui décharge le Conseil suprême, lequel suivait les déplacements du comte[3]. Le il crée également une chancellerie de Savoie. À cette époque les États de Savoie se divisent en dix bailliages répartis entre soixante-quinze châtellenies. Durant la guerre de Cent Ans, il aide le roi de France, Philippe VI de Valois, à combattre Édouard III d'Angleterre et participe notamment à la guerre des Flandres et rejoint l'ost royal en 1339 et 1342[4]. Il installe définitivement au château de Chambéry la chambre des comptes, où les châtelains viennent rendre leur comptabilité. Il agrandit les bâtiments du château et y fait construire une chapelle.

Entre octobre-novembre 1335, son châtelain de Salins engage un rapport de force avec la cité épiscopale de Moûtiers, en Tarentaise[5],[6]. L'affaire se poursuit par le siège de la cité durant 15 jours, jusqu'à ce que l'archevêque Jacques de Verloz de Salins vienne à Annecy pour obtenir du comte Aymon la fin du calvaire[5],[6]. Selon la tradition, face aux suppliques de l'archevêque, le comte aurait répondu « Qu'ils subissent le siège ou laissent arrêter les étrangers chez eux ! » ( « qui paterentur obsidionem aut captionem alienigenarum in civitate Musterii »)[5],[6]. Cet événement marque le début de la soumission du pouvoir temporel des archevêques face aux comtes de Savoie.

Son épouse, malade, meurt en couches la veille de Noël 1342[7].

Mort et succession[modifier | modifier le code]

Aymon rédige son testament le [8]. L'un des testamentaires est l'évêque de Maurienne, Anthelme II de Clermont[8].

Le comte Aymon est mort le [9],[1],[10],[11]. Samuel Guichenon (XVIIe siècle) indiquait qu'il était mort au château de Montmélian[9], une information reprise par ses successeurs, notamment Claudius Blanchard (Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie, 1867) ou encore des sites de généalogie[1]. Cependant, le médiéviste Laurent Ripart, dans un article paru en 2003, corrige le lieu de mort, reprenant l'analyse du médiéviste Eugene L. Cox (1974)[10], en la fixant au château de Rossillon, en Bugey, selon les comptes savoyards[11].

Son corps est transféré de Rossillon à une vaste chapelle de l'abbaye d'Hautecombe[1],[9], qu'il a fait construire pour y rassembler les restes de ses aïeux qui reposaient jusqu'alors dans le cloître de l'abbaye[10],[11]. Le corps est inhumé le [11].

Famille[modifier | modifier le code]

Aymon épouse à Casal, le 1er mai 1330, Yolande de Montferrat (1318 — † 1342), fille du marquis de Montferrat, Théodore Ier Paléologue et d'Argentina Spinola, de laquelle il a quatre enfants, selon Guichenon cinq enfants[12],[7] :

  • Amédée (1334 — † 1383), son successeur sous le nom de Amédée VI ;
  • Blanche Marie (1336 — † 1387), mariée en 1350 au seigneur de Milan, Galéas II Visconti (1320 — † 1378) ;
  • Jean (1338 — † v. 1348)[Note 1] ;
  • Catherine (1341 — † avant 11 juin 1343)[1] ;
  • Louis (1342), dont la naissance coûte la vie à sa mère Yolande[7].

Hors mariage, Aymon a eu un certain nombre d'enfants illégitimes — estimé six, selon Guichenon[12] à huit, selon Demorz[15] — qui ont tous été élevés à la cour. Deux d'entre eux sont connus[12] : Humbert et Ogier (Oger)[16].

Humbert — à ne pas confondre avec un autre bâtard nommé Humbert (d.1443) — épouse Audise, héritière des seigneurs d'Arvillard « en Allevard », en 1341[17],[18],[19]. Il devient ainsi seigneur d'Arvillard et des Molettes. Il épouse en secondes noces Marguerite, fille du noble Humbert V de Chevron[20].

Le second, Ogier (Ogerii bastardi de Sabaudie), mort en 1372, a eu une carrière moins importante, il a cependant été châtelain de Faverges, Conflans[16]. Il a été probablement marié avec une Dame de Meyria, ainsi que plus probablement Bernarde de Cevins, pour qui c'est le second mariage[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La date de mort de Jean n'est pas connue exactement. Le généalogiste Samuel Guichenon (1660) indiquait « décédé en bas, l'an mil trois cents quarante-cinq »[12]. Le site de généalogie Foundation for Medieval Genealogy indique pour sa part « Sep 1338-1345 »[1]. Toutefois, à partir de l'analyse des comptes des receveurs de Chablais — Mermet de Rovorée, châtelain d'Yvoire, et Guy Thomas, châtelain de Sembrancher —, la date de sa mort est estimée entre le et le . L'hôtel de Jean de Savoie avait été constitué en janvier 1348 à l'occasion des cérémonies de la majorité de son frère aîné[13],[14].

Autres références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g MedLands, p. Aymon died 1343 B (lire en ligne).
  2. Marie-José de Belgique, Histoire de la Maison de Savoie : Les origines, Paris, éditions Albin Michel, , p. 53-54 et note no 1.
  3. Jules-Joseph Vernier, Étude historique et géographique sur la Savoie, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (réimpr. 1993) (1re éd. 1896), 185 p. (ISBN 978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, ISSN 0993-7129), p. 64.
  4. Marie-José de Belgique, Histoire de la Maison de Savoie : Les origines, Paris, éditions Albin Michel, , p. 62 et 67.
  5. a b et c Émile Plaisance, Histoire de Tarentaise jusqu'en 1792, Moûtiers, A. Gavin, , 334 p. (lire en ligne), p. 106-108.
  6. a b et c Jacqueline Roubert, « La seigneurie des Archevêques Comtes de Tarentaise du Xe au XVIe siècle », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, impr. Chatelain (Chambéry), no 6, tome 5,‎ , p. 235 (lire en ligne).
  7. a b et c Germain 2007, p. 397.
  8. a et b Joseph-Antoine Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarentaise, Aoste et Maurienne et du décanat de Savoye, S. Hénault, 1759 (copie de l'exemplaire bibliotheque cant. et univ. lausanne), 506 p. (lire en ligne), p. 296-297.
  9. a b et c Guichenon, 1660, p. 393 (présentation en ligne).
  10. a b et c Cox 2015, p. 32 (présentation en ligne).
  11. a b c et d Laurent Ripart, « Ultimes itinérances. Les sépultures des ducs de la Maison de Savoie entre Moyen Age et Renaissance », dans A. Paravicini Bagliani et alii (dir.), L’itinérance des seigneurs (XIVe – XVIe siècle), Lausanne, coll. « Cahiers lausannois d’histoire médiévale », (lire en ligne [PDF]), chap. 43, p. 193-247.
  12. a b c et d Guichenon, 1660, p. 397 (présentation en ligne).
  13. Série : Comptes des châtellenies (1347). Fonds : Comptes de châtellenie et de subsides; Cote : SA 15758. Chambéry : Archives départementales de la Savoie (présentation en ligne).
    Compte de Mermier de La Ravorée (Mermet de Rovorée). 4 avril 1347 - 4 décembre 1347
  14. Archives de l'État du Valais, « cote ASTO-69-124r-21 (Archives d'État de Turin) — période du 22 février 1348 au 31 mai 1349 », sur Comptes et subsides des châtellenies valaisannes — chatellenies.vallesiana.ch (consulté en ).
  15. Demotz 2000, p. 170.
  16. a b et c (en) Eugene L. Cox, The Green Count of Savoy : Amedeus VI and Transalpine Savoy in the Fourteenth-Century, Princeton University Press, (réimpr. 2015) (1re éd. 1967), 422 p. (ISBN 978-1-4008-7499-6, présentation en ligne), p. 353-354.
  17. Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p., p. 462.
  18. Eugène Burnier, La Chartreuse de Saint-Hugon en Savoie, Imprimerie F. Puthod, , 567 p., p. 80.
  19. Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Éditions de la revue "Les Alpes", (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 139.
  20. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie ou Histoire généalogique de la Royale Maison de Savoie justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monumens, histoires, et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, 1660, pp. 271-273 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux
Ouvrages spécialisés sur la période

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]