Ahmad Sanjar

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Ahmad Sanjar
Fonction
Sultan
Titre de noblesse
Sultan
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
احمد سنجرVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Famille
Père
Mère
Taj Safariyya Khatun (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Gawhar Khatun (en)
Barkyaruq
Muhammad Ier
Mahmud Ier
Ismah Khatun (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Turna Khatun (d)
Rusudan de Géorgie (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mu`izz ad-Dîn Sanjar[1], Sultan Sanjar ou Ahmad Sanjar est un sultan seldjoukide de Transoxiane et du Khorassan. Fils de Malik Shah Ier, il est né en 1085/86. À la mort de son demi-frère Muhammad Ier Tapar en 1118, il devient sultan de Transoxiane et du Khorasan tandis que son neveu Mahmud et fils de Muhammad Tapar règne sur l'Irak. Il décède le après la conquête de son royaume par le Shah du Khwarezm Il-Arslan[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Après la mort de Malik Chah en 1092, l'empire seldjoukide sombre dans l'anarchie. Berk-Yaruq son fils aîné doit lutter contre la révolte de tous les siens. Son oncle, Tutuş, qui occupe Damas et Alep, lui dispute la Perse. Il est battu et tué près de Ray (). Le reste du règne de Berk-Yaruq se déroule à lutter contre ses frères. Les possessions seldjoukides se divisent définitivement en trois États :

En 1096/97, Berk-Yaruq attribue à son frère Mu`izz ad-Dîn Ahmad Sanjar le gouvernement du Khorassan, avec résidence principale à Merv. Ahmad Sanjar est encore tout jeune, il n'avait que dix ou douze ans[2].

En février/mars 1105, à la mort de Berk-Yaruq, Son fils et successeur désigné Malik Shah est évincé par son demi-frère Muhammed Tapar.

La mort de Muhammed Tapar le divise à nouveau les Seldjoukides. Son successeur en Irak est son fils Mahmûd II.

Le règne[modifier | modifier le code]

Couronnement d'Ahmad Sanjar, Jami' al-Tawarikh par Rashid al-Din, 1307

Mu`izz ad-Dîn Ahmad Sanjar gouverne le Khorasan et la Transoxiane depuis plus de vingt ans et ne songe pas à rester le vassal de son neveu Mahmûd. Il marche vers l'Irak et inflige une défaite sanglante à son neveu qui s'enfuit à Saveh une place forte sûre. Mahmûd est obligé de traiter avec son oncle. Il envoie son vizir pour négocier, puis après un premier accord, il se rend lui-même auprès de Sanjar. Il obtient de rester sultan d'Irak à la condition que le nom de Sanjar soit prononcé avant le sien pendant la prière[3]. Le calife abbasside Al-Mustarchid attribue à Ahmed Sanjar le titre de « Commandeur des croyants[4] ». En 1128, `Alâ' ad-Dîn Atsiz succède à son père Qutb ad-Din Muhammad comme Shah du Khwarezm. Bien que vassal de Sanjar, Atsiz n'ambitionne pas moins une certaine autonomie.

En 1129-1130, Sanjar traverse le Jihoun (Amou-Daria) pour réprimer le gouverneur de Samarcande qui refuse de payer le tribut. Après un siège vigoureux, il se rend. Sanjar le démet de ses fonctions, lui laisse la vie sauve et le remplace par un de ses esclaves. Le gouverneur parvient peu après à rentrer dans les faveurs de Sanjar qui le rétablit dans ses fonctions[3].

En 1133, Ahmad Sanjar et Atsiz font une campagne conjointe en Transoxiane de 1133[5]. Atsiz inflige une sévère défaite aux Coumans (Kiptchak)[6] et prend la forteresse de Jand[7].

La rivalité avec le Shah du Khwarezm Atsiz[modifier | modifier le code]

Vers 1135, les relations entre Atsiz et Ahmad Sanjar se détériorent pendant une campagne contre le Ghaznévide Bahrâm Shâh (en). Atsiz entre en Afghanistan et prend Ghazni. Bahrâm Shâh s'enfuit. Il revient peu après avoir fait allégeance à Ahmad Sanjar qui le rétablit sur son trône à Balkh. Ahmad Sanjar reproche à Atsiz d'avoir fait tuer des croyants[5].

En 1138, Atsiz se révolte ouvertement contre Ahmad Sanjar. Il occupe une grande partie de la région longeant l'Amou-Daria pour entraver les mouvements de l'armée de Ahmad Sanjar. Cela n'empêche pas ce dernier de remporter quelques batailles en particulier par la prise de la forteresses de Hazarasp[8]. Sanjar exécute le fils d'Atsiz et occupe le Khwarezm. Il essaie d'installer son neveu Suleyman Shah, avec un vizir et un atabeg. Cette administration directe par les Seldjoukides a été mal supportée par les Khwarezmiens. Dès que Sanjar quitte Merv, Atsiz revient de son refuge au Gorgân, le peuple se soulève et expulse Suleyman Shah[5].

En 1141, le prestige d'Ahmad Sanjar est malgré tout resté important. Atsiz juge habile de faire allégeance[5]. La cour sollicite Sanjar pour qu'il parte en campagne contre les Qara-Kitaï. Sa gloire s'en trouverait accrue et le pays se trouverait protégé. Sanjar subit une défaite contre les Qara-Kitaï qui pénètrent au Khwarezm. Treize mille hommes du sultan sont tués. Son camp est pris. Son équipage, son harem et sa première épouse Tarkhan Hatun sont capturés. Cette défaite démontre au peuple que Sanjar n'est pas invincible contrairement à ce qu'on croyait jusque-là[3]. Quand Sanjar se retire devant les Qara-Kitaï à Termez et Balkh, Atsiz en profite pour envahir le Khorassan et prendre Sarakhs et Merv. Le printemps suivant il occupe Nishapur; La Khutba est prononcée en son nom pendant plusieurs mois. Rachid ad-Din Vatvat (en), poète à la cour d'Atsiz, écrit que les Seldjoukides sont sur le déclin alors que les Khwarezm-Shahs voient leur puissance s'accroître[5].

Dès 1142, l'autorité des Seldjoukides dans le Khorasan est rétablie. Sanjar assiège Atsiz à Ourguentch. Sanjar le contraint à rendre le butin fait à Merv et à Nichapour. Atsiz continue néanmoins à se montrer rebelle. Il aurait envisagé de recourir aux Assassins pour tuer le sultan et pour exécuter un de ses ambassadeurs[5]. Sanjar est mis au courant de le complot le visant par un espion qu'il avait placé à la cour d'Atsiz[9].

En 1147, une fois de plus Sanjar entre au Khwarezm. Il prend Hazarasp[8] et Ourguentch. En 1148, Sanjar accepte la soumission faite à contrecœur d'Atsiz qui doit se préoccuper de sa frontière avec les Qarakhanides.

En 1152, Sanjar remporte une victoire décisive contre le Ghuride Ala ad-Din Husayn qui a pénétré dans le Khorasan avec l'intention d'en faire la conquête. Sanjar remporte l'affrontement. Il fait prisonnier Ala ad-Din Husayn, plus tard renvoyé chez lui et devenant un vassal de Sanjar[3].

Sanjar et les Oghouzes[modifier | modifier le code]

En 1153, la tribu turque des Oghouzes a cessé de payer le tribut annuel de quarante mille moutons qu'elle doit à Sanjar. Pour les contraindre à payer ce tribut, Sanjar marche sur eux. Il est défait et capturé. On le traite d'abord avec égards mais il subit ensuite de mauvais traitements. Pendant cette période de captivité c'est son épouse Turkan Hatun qui exerce le pouvoir. À la mort de son épouse en 1156, Sanjar parvient à s'évader[10].

Pendant la captivité de Sanjar, Atsiz reste fidèle aux Seldjoukides. Le frère d'Atsiz, marche sur le Khorasan et dévaste l'oasis de Baihaq (Sabzevar). On rapporte que la dépopulation de la région était encore perceptible quatorze ans après. Le Qarakhanide Mahmûd Khan qui a été désigné comme gouverneur du Khorasan par la partie de l'armée de Sanjar qui n'a pas rejoint les Oghouzes, commence une négociation avec Atsiz sur la répartition de l'armée du Khorasan. Atsiz et son fils Il-Arslan quittent le Khorasan y laissant un fils du Khan des Qara-Kitaï comme régent[5].

En 1156, Atsiz reçoit l'annonce de l'évasion de Sanjar. Mahmud Khan et les émirs seldjoukides regrettent alors d'avoir invité sur leur terre l'ambitieux Atsiz. Celui-ci ne fait pas de provocation, il félicite Sanjar de cette libération. Il rencontre Mahmûd Khan et appelle à l'aide les Bawandides et les Ghurides pour mettre en garde les chefs Oghouz en cas de nouvelle rébellion[5].

Fin du règne[modifier | modifier le code]

L'épouse de Sanjar, Tukan Hatun meurt en 1156 avant que Sanjar ne s'évade. Atsiz meurt en 1156 laissant son fils Il-Arslan comme héritier. Ahmad Sanjar meurt le [2]. Le Khorasan et la Transoxiane passent sous le contrôle des Khwârazm-Shahs.

Descendance[modifier | modifier le code]

Ahmad Sanjar a eu deux filles[2].

Héritage[modifier | modifier le code]

Le Mausolée de Sultan Sanjar à Merv[11] a fait l'objet de restaurations sous la direction de l'UNESCO[12] corrigeant des restaurations précédentes faites au temps de l'URSS. C'est l'un des rares monuments bien identifiables du site. C'est un cube de brique de 38 m de côté surmonté d'une coupole qui se dresse isolé au milieu de la plaine qui fut la ville de Merv.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. turc : Müizzeddin Ahmed Sencer persan/arabe : ʾabū al-ḥāriṯ muʿizz ad-dunya wa ad-dīn ʿaḍad ad-dawla ʾaḥmad sanjar ben malikšāh, أبو الحارث معز الدنيا و الدين "عضد الدولة" أحمد سنجر بن ملكشاه; Mu`izz ad-Dunya wa ad-Dîn : en arabe honneur du pouvoir et de la religion Adhad ad-Dawla : en arabe soutien de la dynastie
  2. a b c et d (en) Charles Cawley, « West Asia & North Africa, Chapter 5. Iran and Iraq. Seljukid Sultanat », Foundation for Medieval Genealogy,
  3. a b c et d (en) « The modern part of An universal history », , p. 147-150
  4. arabe : ʾamīr al-muʾminīn, أمير المؤمنين, Commandeur des croyants
  5. a b c d e f g et h (en) William Bayne Fisher, « The Cambridge History of Iran », Cambridge University Press, (ISBN 0-521-06936-X), p. 142-145
  6. (en) Ahmad Hasan Dani, Vadim Mikhaĭlovich Masson, János Harmatta, Boris Abramovich Litvinovskiĭ, Clifford Edmund Bosworth, « History of Civilizations of Central Asia », Motilal Banarsidass Pub, (ISBN 81-208-1409-6), p. 75
  7. Jand ou Jend : ville détruite « située sur les rives de la mer d'Aral et du Syr-Daria » mais impossible à situer précisément tant les rives de la mer d'Aral et le cours du Syr-Daria ont changé
  8. a et b Hazarasp, Hazorasp, Khazarasp, (en ouzbek : Xazorasp) est une ville de l'Ouzbékistan actuel sur la rive sud de l'Amou-Daria 61° 05′ 15″ N, 41° 18′ 37″ E
  9. (en) C.A. Storey, Francois de Blois, « Persian Literature, A Bio-Bibliographical Survey », Routledge, (ISBN 0-947593-47-0), p. 668
  10. John Malcolm, « Histoire de la Perse depuis les temps les plus anciens jusqu'à l'époque actuelle », Pillet aîné, , p. 93
  11. Mausolée de Sultan Sanjar bien visible sur les photos aériennes : 37° 39′ 51″ N, 62° 09′ 50″ E. Une photo sur « Wikimedia common » serait bienvenue
  12. « Parc national historique et culturel de l'« Ancienne Merv » », UNESCO

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Janine et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Éd. PUF, (ISBN 978-2-13-054536-1), article Seljoukides, p. 740-743.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]