Adélaïde de Suse

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Adélaïde de Suse
Image illustrative de l'article Adélaïde de Suse
Ritratto di Adelaide di Susa moglie di Oddone, peintre à l'huile du XVIIIe siècle (Venaria Reale).

Titre margrave (marquise) de Suze
et de Turin
(ca 1034 - ca 1091)
Autre titre Comtesse de Savoie
Régente
Prédécesseur Oldéric-Manfred II d'Oriate
Successeur Othon Ier de Savoie
Biographie
Dynastie Arduinides
Naissance v. 1020
à Turin
Décès
à Canischio
Père Oldéric-Manfred II d'Oriate
Mère Berthe d'Ivrée ou de Toscane
Conjoint 1 Hermann IV de Souabe
2 Henri de Montferrat
3 Othon Ier de Savoie
Enfants Pierre
Amédée
Othon
Berthe
Adélaïde

Adélaïde de Suse, parfois mentionnée sous la forme Adélaïde de Turin[1], surnommée « la Grande Comtesse »[2],[3], née vers 1020 à Turin et morte le à Canischio, est une princesse du Moyen Âge, fille de Oldéric-Manfred II d'Oriate (après 991-1036), margrave (marquis) de Suze et de Berthe d'Ivrée (vers 976- après 1029), margrave de Suse et comtesse de Turin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origine et premier mariage[modifier | modifier le code]

Adélaïde de Suse est une descendante des Arduinides, possessionnés en Piémont[4],[5]. Elle est la fille de Olderic ou Olric Manfred II, marquis d'Italie[6], et de son épouse Berthe d'Ivrée (v.976-ap.1029), issue de la maison d'Ivrée[Note 1]. Cette dernière est margravine de Suse (parfois Suze) et comtesse de Turin. La marche de Turin comporte les principales villes de Suse, Turin, Ivrée ou encore Pignerol[6]. La cité de Suse contrôle notamment le passage de la péninsule à la France, par le col du Mont-Cenis.

Les historiens s'accordent pour la faire naître vers 1020[9], à Turin[2].

Elle épouse Hermann IV (1014-1038), duc de Souabe, avec qui elle a deux enfants, puis le marquis de Montferrat Henri (décédé vers 1045), fils de Guillaume III de Montferrat — ce couple reste sans postérité.

Comtesse et régente de Savoie[modifier | modifier le code]

Au plus tard vers 1045[10],[11] ou 1046[12], elle épouse Oddon ou Othon, fils d'Humbert, comte en Maurienne.

Au décès d'Othon Ier en 1060, elle tient la régence pour ses jeunes fils[13]. Maîtresse-femme[Note 2], elle conserve longtemps la tutelle. Elle semble aussi avoir une certaine influence sur l'empereur du Saint-Empire romain germanique Henri IV[13], que sa fille Berthe épouse en 1066.

Régente, Adélaïde autorise le passage des Alpes par le Mont-Cenis à son beau-fils par alliance, l'empereur Henri IV, pour qu'il puisse se rendre à Canossa en 1077[14],[15]. La comtesse l'accompagne d'ailleurs auprès du pape Grégoire VII[15]. En échange du passage, la comtesse et son fils auraient négocié l'obtention de cinq évêchés italiens[16]. L'empereur les récompense, selon Guichenon, par la cession du Bugey[16] à Amédée II et en reconnaissant les droits et l'inféodation du marquisat d'Ivrée à Adélaïde de Suse[17].

Lorsque son petit-fils, Humbert, succède à son père, les historiens supposent qu'elle maintient son influence sur la politique du comté[18].

La grande comtesse meurt en 1091[3], probablement à Canischio[2], à proximité de la cité de Cuorgnè, en Piémont[19].

Les Humbertiens ne conservent cependant que la ville de Suse de la dot qu'Adélaïde avait apportée[3].

Famille[modifier | modifier le code]

Adélaïde de Suse.

Adélaïde de Suse épouse en premières noces Hermann IV de Souabe (1014-1038)[2] dont elle a deux enfants :

  • Gebhard Ier, comte de Sulzbach (1035 - 1071) ;
  • Hermann de Souabe (1034 - v.1056).

Elle épouse en secondes noces le marquis de Montferrat Henri, qui meurt dès 1044/1045, sans postérité[2].

Veuve une nouvelle fois, elle épouse le fils d'Humbert, comte en Maurienne, Othon (1023-1060), futur comte de Savoie (1051) et en Maurienne[5], dont :

La première des filles porte le prénom de la « grand-mère maternelle », tandis que la seconde « [relève celui] de sa mère »[20]. Le prénom d'Adélaïde se maintient dans les usages de la maison de Savoie puisqu'entre les « XIe et XIIe siècles, quatre des huit premières princesses savoyardes [...] portaient déjà ce nom », puis « ressurgit au XVIIe siècle, après que le duc Victor-Amédée Ier l’eut donné, en 1636, à la dernière de ses filles »[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Berthe d'Ivrée, dit aussi de Toscane ou encore de Milan. Selon Samuel Guichenon, dans son Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, « Berthe d'Ivrée [est] fille d'Albert Marquis d'Ivrée & cousine d'Ardoin Roi d'Italie »[7]. Berthe est issue de la branche adalbertienne des Obertenguides[8].
  2. L'historien Paul Guichonnet note qu'elle est la première de « ces maîtresses-femmes, intelligentes et énergiques qui jalonneront l'histoire de la Maison de Savoie »[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Previté-Orton, 1912, p. 196 (Lire en ligne).
  2. a b c d et e Estudios genealógicos, heráldicos y nobiliarios en honor de Vicente de Cadenas y Vicent : con motivo del XXV aniversario de la Revista "Hidalguía.", Ediciones Hidalguia, Madrid, volume 2, 1978, 1062 pages, p. 401 (Lire en ligne).
  3. a b et c Michel Germain, Personnages illustres des Savoie, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-9156-8815-3), p. 353.
  4. Bernard Andenmatten, « Savoie, Maison de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  5. a et b Christian Sorrel, Histoire de la Savoie en images : images, récits, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 461 p. (ISBN 2-84206-347-3, lire en ligne), p. 138.
  6. a b et c Paul Guichonnet, Nouvelle histoire de la Savoie, Édition Privat, , 366 p. (ISBN 978-2-7089-8315-1), p. 119.
  7. Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, p.200 (Lire en ligne).
  8. Ripart, 2002.
  9. Ripart, 2002, p. 69.
  10. Previté-Orton, 1912, p. 204 (Lire en ligne).
  11. Laurent Ripart, « La mort et la sépulture du comte Humbert : une tradition historiographique reconsidérée », dans Fabrice Delrieux, François Kayser (dir.), Des plats pays aux crêtes alpines. Hommages offerts à François Bertrandy, Chambéry, , p. 71-86.
  12. Marie-José de Belgique, La maison de Savoie : Les origines. Le Comte Vert. Le Comte Rouge, vol. 1, Paris, A. Michel, , 425 p., p. 32.
  13. a et b Marie-José de Belgique, La maison de Savoie : Les origines. Le Comte Vert. Le Comte Rouge, vol. 1, Paris, A. Michel, , 425 p., p. 33.
  14. Roland Edighoffer, Histoire de la Savoie, t. 151, Paris, Presses universitaires de France,, coll. « Que sais-je », , 128 p. (ISBN 978-2-13-044838-9), p. 31.
  15. a et b Alain Boucharlat, Savoie, La Fontaine de Siloé, , 319 p. (ISBN 978-2-86253-221-9), p. 16-17.
  16. a et b Jacques Lovie, Histoire des Diocèses de France : Chambéry, Tarentaise, Maurienne, vol. 11, Beauchesne, , 301 p. (ISSN 0336-0539), p. 33.
  17. Claude Genoux, Histoire de Savoie depuis la domination romaine jusqu'à nos jours, F. Saillet, , 480 p. (lire en ligne), p. 82.
  18. Demotz 2000, p. 165.
  19. Previté-Orton, 1912, p. 251 (Lire en ligne).
  20. Ripart, 2002, p. 61.
  21. Ripart, 2002, p. 55.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]